(Kroliki i udavy, 1982)
Traduction : Bernard Kreise. Langue d’origine : Russe
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Depuis des temps immémoriaux, les lapins ont toujours été victimes du régime de la terreur imposé par les boas. Ces derniers exercent un pouvoir d’hypnose sur les lapins, qui les bloque en les empêchant de s’en fuir, finissant déglutis lentement dans l’estomac des serpents. Mais un jour le lapin Réfléchi découvre que le pouvoir d’hypnose n’est pas réel et que la paralyse des lapins devant les boas est induite par sa propre peur. Quand il essayera de convaincre le royaume des lapins de qu’ils peuvent faire face aux boas, le lapin Réfléchi butera contre une société très conservatrice ou les masses sont facilement manipulées par son roi, seulement intéressé en perpétuer le statuquo pour garder tous ses pouvoirs et prérogatives. Mais les temps sont en train de changer et les certitudes immuables de cette société animalière commencent à s’ébranler.
Fable sociologique aux accents Staliniens :
Dans ce pittoresque récit s’entremêlent les lapins et les boas, mais aussi d’autres animaux comme les singes, et aussi les indigènes, dont leurs potagers son chapardés par les lapins pour se procurer toutes sortes de délices gastronomiques. Évidement tout cela n’est que métaphorique, et Iskander est clairement en train de nous parler des êtres humains et de nos sociétés. Il y a une critique non dissimulée de la société opprimée sous le régime totalitaire de Stalin. Stalin mourut en 1953, un an avant que Iskander finisse ses études universitaires. Son œuvre fera souvent la chronique sociale de ce dur période de l’histoire russe, et ‘Les lapins et les boas’, avec ses animaux tellement humains, n’est pas exception.
Car le sujet principal de cette métaphore Stalinienne est le dilemme entre individu et société. Certains lapins et certains boas essaient individuellement de faire évoluer les choses, mais ses actions ont du mal à créer un impact dans la société. Les masses sont trop facilement manipulées par ses dirigeants, qui exercent son pouvoir en son propre bénéfice, négligeant le bien-être de ces sujets sans aucun état d’âme. Le peuple, même si séduit par le charme des idées nouvelles, est en réalité trop lâche et aussi désireux de maintenir le statuquo. Cet abrutissement des masses ne fait que perpétuer des chefs corrompus au pouvoir, provocant que rien ne change et que les problèmes continuent.
Personnellement j’ai eu du mal à adhérer complètement au parti pris de cette faible animalière, et j’avoue être passé à côté de la causticité de son humour vitriolique. Pour moi l’ensemble est relativement fade, désuet et surtout beaucoup trop poussif. Le débat sociétal qui propose est intéressant mais trop appuyé, redondant, et manquant de finesse. C’est quand même captivant et le livre se lit facilement mais si vous cherchez une histoire avec lapins et métaphore social, préférez, et de loin, ‘Watership down’ (1972) de l’anglais Richard Adams, bien plus intéressant, d’une qualité littéraire largement supérieure, et en plus très entertaining.
‘Les lapins et les boas’ permet quand même de cocher la case Abkhazie dans un challenge de lecture autour du monde. L’Abkhazie se trouve aux bords orientaux de la mer noire et, malgré qu’elle se trouve rattachée à la Géorgie, elle a sa propre culture et une identité national forte.
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