(Lolita, 1955)
Traduction : Éric H. Kahane . Langue d’origine : Anglais
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Confession à la première personne. Humbert Humbert raconte ses amours avec Lolita, jeune adolescente de 12 ans, qu’il connait lorsque lui en a 37. Totalement fasciné par la jeune enfant, Humbert Humbert va s’approcher de la mère de Lolita pour pouvoir être près de l’objet de ses désirs.
Attention : Narrateur pas fiable :
Livre scandaleux pour l’époque (et dès nos jours peut sembler même encore plus scabreux) car non seulement on parle pédophilie, mais aussi inceste (Humbert devient de facto le père de Lolita). ‘Lolita’ ne manqua pas de choquer dans tous les pays où il fut édité. En France fut même retiré de la circulation pendant quelques années, mais l’unanimité sur la qualité littéraire du texte finit par s’imposer.
Nympholepte est le terme utilisé par Humbert pour s’auto-décrire, le mot pédophile, pour la plupart, sera soigneusement évité. Certaines séquences, dont des viols, peuvent choquer, et surtout le ton général peut confondre le lecteur pas averti, et lui faire penser qu’il y a une vision désinvolte du sujet, et même une ode ou une apologie de la pédophilie.
Or, rien de cela. La pédophilie est présentée, développée et analysée, mais jamais exalté. Le récit est à la première personne et clairement le narrateur n’est pas fiable. L’objectif de Nabokov est de nous montrer comment ça marche la psyché d’un prédateur. Lors du premier rapport sexuel, Humbert décrit cela comme un jeu de la part de Lolita (voir citation). Ne croyez rien. Elle est souvent vue comme une provocatrice, et la culpabilité de Humbert est toujours atténuée. Presque on justifierait la pédophilie. Mais celle-là n’est pas la version de Nabokov, c’est celle de Humbert, et très vite on va comprendre qu’on ne peut pas du tout lui faire confiance. Donc n’oubliez pas que la vraie Lolita vous devrez l’imaginer à partir de la Lolita ‘idéalisée’ par Humbert.
Une bonne partie du livre se déroule sur la route avec nos deux protagonistes et leurs flagrantes différences, l’un face à l’autre. On retrouve un contraste des cultures entre l’Amérique profonde et vulgaire et l’Europe plus cultivé et raffinée. Le récit commence par parler d’une pulsion irrésistible et puis, dans un deuxième temps, d’une quête de vengeance, mais l’ensemble parle plutôt de l’obsession. Dans tout le cas, si vous ne pouvez pas supporter la pédophilie comme sujet, il vaut mieux laisser ce livre de côté.
Le roman fut porté au cinéma par Stanley Kubrick en 1962, avec James Mason dans le rôle principal, et la jeune Sue Lyon qui incarna une Lolita un peu plus âgée que dans le livre.
Citation :
« Nobles et frigides dames du jury ! J’avais imaginé que des mois, des années peut-être, s’écouleraient avant que j’ose me dévoiler devant Dolores Haze ; or, à six heures elle était complètement éveillée et à six heures un quart nous étions techniquement amants. Je vais vous dire quelque chose de très étrange : ce fut elle qui me séduisit. »
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