(傾城之戀, 1943)
Traduction : Emmanuelle Péchenart. Langue d’origine : Chinois
⭐⭐⭐
Ce que raconte cette nouvelle :
Shanghai, 1941. Dans la maison de la famille Bai vit la matriarche avec tous ses enfants, leurs époux et épouses et leurs enfants. Les deux plus jeunes sœurs doivent trouver un mari au plus vite, et Mme Hsu, la marieuse, propose comme à candidat un riche héritier. Mais plutôt que s’intéresser aux jeunes filles à marier du ménage, l’homme s’attache à Lio-Su, la sœur divorcée. Détestée de tous, Lio-Su ne voit plus un autre choix qu’essayer de conquérir cet homme séduisant, pour pouvoir échapper cette maison hostile.
Jane Austen dans la Chine des années 40 :
Eileen Chang écrivit le plus important de son œuvre pendant les années 40, lorsqu’elle habitait à Shanghai et Hong Kong. C’est de cette période qui date cette longue nouvelle (ou court roman selon). Chang s’installa aux US à partir des années 50, transforma son nom chinois Zhāng Àilíng en Eileen Chang, et commença à écrire en anglais. C’est peut-être pour cette raison que l’édition française a gardé le titre de la traduction anglaise ? Pourtant, la première édition française de ce livre avait pris le titre ‘Un amour dévastateur’. Dans tous les cas, le roman fut bien écrit en Chine, en chinois, et en pleine guerre mondiale.
La nouvelle tourne autour de la condition féminine et de l’obsédante recherche d’un mari comme à presque unique voie d’échappement aux rigides cloisonnements de la société. C’est le prix qu’une femme doit payer pour garder une sorte d’indépendance dans ce monde changeant, à mi-chemin entre l’ancestral tradition chinoise et les vents de modernité. Le roman fait le commentaire social de la vie d’une femme d’extraction bourgeoise dans la Chine des années 40, sa dépendance vis-à-vis de l’argent, et les chamboulements que la guerre peut provoquer.
Eileen Chang propose une revisitation moderne des romans de Jane Austen, écrivaine avec laquelle Chang partage autant l’ironie qui accompagne le développement de l’intrigue, que ses sujets de prédilection (le mariage, la condition féminine, les apparences et les rapports entre classe sociales), toujours contrastant la différence entre ce qui disent les personnages avec ce qu’ils pensent vraiment. ‘Love in a fallen city’ est une histoire d’amour atypique écrite avec finesse et simplicité, mais aussi avec un certain mordant chic.
Citation :
« Les femmes inutiles sont de loin les plus redoutables. »
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