(Петербургские повести, 1843)
Traduction : Raymond Girard. . Langue d’origine : Russe
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce recueil de nouvelles :
Nicolas Gogol regroupe 5 nouvelles qui ont toutes par cadre la ville de Pétersbourg (actuelle Saint-Pétersbourg). Autre la présence de la ville, les nouvelles ont une cohérence entre elles par le ton ironique, la critique acerbe du fonctionnariat et de la haute société, et par un coté fantastique plus ou moins poussé.
Les nouvelles avaient déjà été publiés quelques années avant, dans des magazines différents. Gogol vu la cohérence et connexion entre elles et décida d’en faire un volume.
Pétersbourg mon amour :
Erhm…. Non. Ne vous attendez pas une déclaration d’amour à cette ville, c’était ironique, on est dans un roman russe quand même. La ville sera forcément hostile, froide, sombre et grise, et nos personnages désemparés, seuls et déprimés. Mais il y a un sens de l’humour assez surprenant chez Gogol, qui part d’un regard sarcastique sur la ville et ses personnages.
‘Le manteau’ est probablement ma favorite et en général celle de beaucoup des lecteurs de ce recueil. C’est la seule où Gogol montre une vraie compassion et empathie par son personnage, un misérable employé accoutré avec des habilles vieux et élimés, notamment un vieux manteau, complètement rapiécé et abimé de tous les côtés, qui ne le protège plus du froid Pétersbourgeois, et qui déclenche les railleries de son entourage professionnel. Les fonctionnaires et la haute société sont dépeints comme des êtres creux et sans empathie. Pour pouvoir se permettre un nouveau manteau, notre protagoniste devra faire mille sacrifices. Ce nouveau manteau deviendra le plus grand évènement de sa vie.
‘Le journal d’un fou’ est un court récit en forme de journal qui nous montre la dérive progressive d’un fonctionnaire vers la folie. Au début tout semble normal mais petit à petit il commence à voir des chiens qui parlent, et son monologue devient de plus en plus absurde. Une espèce de stream of consciousness avant-la-lettre.
‘Le nez’ est une des plus fantastiques et celle qui tient aussi le plus de sarcasme et critique sociale. C’est aussi la plus comique. Le nez d’un personnage disparait de son visage et commence à prendre sa propre vie : il marche, parle et circule en carriole. Ce côté kafkaïen donne des milliers d’interprétations possibles, incluse une critique de la mondanité et superficialité du monde bourgeois. L’absurde de ce récit nous émerveille par son grand pouvoir de suggestion.
‘La perspective Nevsky’ c’est celle où la ville est plus présente. Deux jeunes personnages opposés, nous donnent différents points de vue sur une même femme, qu’on croise à plusieurs reprises sur la fameuse avenue. Cet aspect polyédrique du récit renforce l’idée des multiples visages de la ville.
‘Le portrait’ a un côté fantastique bien assumé, un peu dans le style qui popularisera Edgar Allan Poe quelques décennies plus tard. Réflexion sur l’artiste engagé mais misérable, et le côté corrupteur de l’argent sur l’élan artistique.
Citation :
« Qu’est-ce que notre vie ! Un éternel divorce entre le rêve et la réalité !”
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