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Oncle Vània

Anton Tchékhov

(Дя́дя Ва́ня, 1897)
Traduction : Bruno Sermonne et Tonia Galievsky.   . Langue d’origine : Russe
⭐⭐⭐⭐⭐

Ce que raconte cette pièce de théâtre :

Ivan Voïnitski, l’oncle Vania, passe un séjour avec sa mère et sa nièce Sonia chez le père de cette dernière, le vieux professeur Sérébriakov, dans la propriété de la famille. Vania gère depuis des années ce domaine, heureux de travailler pour son beau-frère qui a tellement admiré dans le passé. Mais lorsque Sérébriakov se présente accompagné de sa jeune et ravissante deuxième femme Eléna, tout bascule. Ce mariage apparemment heureux malgré la différence d’âge, crée un vif émoi et de la jalousie chez son beau-frère, Vania étant un homme mur et plutôt solitaire, mais qui rêve d’une vie plus aventurière et émotionnelle.

Mais Sérébriakov reste quand même un vieux plein des manies et Eléna s’ennuie dans le domaine. La jeune nouvelle femme du professeur semble s’approcher d’un des habituels du domaine, le Dr. Astrov. Ce flirt ne fera qu’accentuer la crise existentielle de Vania.

Réflexion sur le temps perdu qu’on ne rattrapera jamais :

C’est probablement une des pièces le plus déprimantes de Tchekhov, écrivain qui ne brille pas particulièrement par le côté joyeux de ces personnages. Comme d’habitude chez le géant russe, on assiste à un déferlement des petits-bourgeois ennuyés, sans vrais objectifs ni illusions, dominés par une lassitude qui les empêche d’aller chercher le bonheur qui pourrait rester devant eux. Écrasés par le passage du temps et les ravages crées par l’impossibilité de le rattraper, les personnages de Tchekhov voient tout en gris.

La comparaison entre Vania et son beau-frère Sérébriakov est le squelette de la pièce. Après la mort de la sœur de Vania et première femme de Sérébriakov, le vieux professeur a réussi à refaire sa vie, et s’offrir une nouvelle jeunesse remplie de nouveaux rêves et illusions, tandis que Vania, jaloux de ces émotions bourgeonnantes, regrette tout le travail et admiration qu’il avait porté jadis pour son beau-frère et, sa jeunesse envolée, il voit maintenant le gâchis monumental de tout ce temps perdu (voir citation). De plus en plus lasse d’essayer de vivre, et face au futur triste et sombre qui se dessine devant lui, Vania se laisse sombrer dans l’inaction et l’amertume.

Au fur et à mesure que le séjour de Vania touche à sa fin, on approfondit sur son sentiment dépressif, et la sensation que plus le temps passe, plus on sombre dans l’inexorable inutilité d’une existence morne et grise. Triste mais merveilleuse réflexion sur le passage du temps, et sur la futilité de l’argent, la jeunesse et l’amour comme à sources puériles d’un bonheur qu’on ne peut trouver qu’à l’intérieur de soi.


Citation :

« Maintenant, j’ai quarante-sept ans. Tout comme vous, j’ai tâché, jusqu’à l’année passée, d’embuer mes yeux de votre scolastique pour ne pas voir la vraie vie… et je croyais bien faire. Mais à présent, si vous saviez !… Je ne dors pas les nuits, de la colère et du dépit que j’ai d’avoir si bêtement perdu mon temps, lorsque je pouvais avoir tout ce que me refuse aujourd’hui la vieillesse ! »

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