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Pères et fils

Ivan Tourgueniev

(Отцы и дети, 1862)
Traduction : Françoise Flamant.   . Langue d’origine : Russe
⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Russie, 1859. Après ses études universitaires, Arcade rentre dans le domaine de son père, Nicolas Pétrovitch Kirsanov, accompagné de son ami Eugène Vassilievitch Bazarov, un jeune nihiliste qui refuse les idées traditionalistes et critique le régime sans ambages. Paul, l’oncle d’Arcade, un homme fier et à l’ancienne rentrera en conflit directe avec Eugène, car il ne supporte pas ses idées, ses manières et son manque de reconnaissance pour la génération précédente. Arcade et Eugène décident alors de partir en ville chez les parents d’Eugène, un couple formé aux valeurs russes traditionnels. Deux sœurs vont attirer l’attention de nos jeunes diplômés.

Conflit idéologique entre générations :

Le conflit entre générations est donc le sujet central de ce livre, généralement considéré comme l’œuvre la plus importante de Tourgueniev. La génération du père et l’oncle d’Arcade et des parents d’Eugène est représentée comme plus rigide, peu encline au progrès, mais aussi comme plus posée et réfléchie. Tandis que la génération d’Eugène et Paul est représentée comme plus passionnée, et motivée par la soif de connaissance, justice et de changement, mais aussi plus chaotique et ingénue. C’est le choc classique entre générations, la raison des anciens contre les rêves de la jeunesse.

Presque sans action, ce conflit se déroulera dans le monde des idées, chaque personnage prenant une position plus ou moins modérée face aux changements marqués de l’époque, et aux nouvelles idées qui émergent dans la Russie prérévolutionnaire de la deuxième partie du 19ème siècle. Le roman fut accueilli avec un vif émoi dans la Russie Tsariste, et le dilemme qui propose provoqua des forts débats idéologiques. Le terme nihiliste ne désigne pas forcément un révolutionnaire mais quelqu’un qui refuse les principes inamovibles de la génération précédente pour adhérer à des nouveaux principes plus scientifiques.

J’ai lu ce roman deux fois, d’abord dans ma jeunesse et puis une trentaine d’années plus tard, peut-être plus préparé pour comprendre les enjeux générationnels du roman. Mais le ressenti est le même. C’est un livre très intéressant pour connaître l’évolution idéologique dans la Russie des tsars, qui finira pour aboutir à la révolution quelques décennies après, mais qui est sans doute plus convenu sur la partie sentimentale. En générale le roman piétine un peu lorsqu’il s’éloigne du conflit idéologique central, les rôles destinés aux femmes dans le récit sont peu importants et leurs arcs narratifs ne sont pas assez développés. Globalement très bon, mais rien d’inoubliable. Tourgueniev n’est peut-être pas Tolstoï.


Citation :

« Un nihiliste, c’est un homme qui ne s’incline devant aucune autorité, qui ne fait d’aucun principe un article de foi, quel que soit le respect dont ce principe est auréolé. »

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