(Yaz Yağmuru, 1955)
Traduction : Haldun Bayri. Langue d’origine : Turc
⭐⭐⭐
Ce que raconte cette novella :
Istanbul, 1942. Sabri est un écrivain qui passe quelques jours seul dans la maison de famille, sa femme et ses deux enfants étant partis s’occuper de la santé du grand-père. Lors d’une averse estivale, il rencontre une belle femme très mystérieuse abritée de la pluie sous un arbre de son jardin. Sabri décide d’inviter la jeune femme dans la maison pour qu’elle puisse sécher ses habilles. L’énigme de cette femme fascinante va bouleverser l’écrivain, autant attiré que mal à l’aise par rapport au discours de la jeune femme, qui semble se comporter comme si elle connaissait déjà la maison.
Relation envoutante :
Dans ce court et très beau récit, Tanpinar nous propose l’histoire d’une relation envoutante, remplie de poésie, d’irréel et de métaphores, dans laquelle le fascinant personnage de la femme brille par son mystère. Parfois agissant avec la naïveté d’un enfant, parfois comme si elle était la maîtresse de la maison, la jeune femme ne cesse de dérouter par l’ambivalence de son caractère et l’apparente manque de sens des souvenirs dont elle va se délester. On doutera souvent de la réalité de cette présence, et on sera tentés de lui apporter une valeur métaphorique et/ou symbolique, sans arriver jamais à cerner ce personnage insaisissable.
Ce n’est pas du tout une novella de mystère, loin de là, mais l’ambiance poétique et l’atmosphère quelque part onirique qui baignent ce récit, produisent une étrange fascination chez le lecteur.
Citation :
« La femme lui sourit de ses yeux marron sombre. L’espace d’un instant, Sabri crut se laver à une source très pure. Par ce temps sombre, tout en elle, comme les dernières roses du jardin, excluait la moindre idée de réalité »
0 Comments