Littérature des 5 continents : AsieVietnam

Pour que chantent les montagnes

Nguyen Phan Quê Mai

(The mountains sing, 2020)
Traduction :   Sarah Tardy.   Langue d’origine : Anglais
⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Vers la fin de la guerre du Vietnam, aux années 70, la jeune enfant Huong vit avec sa grand-mère Dieu Lan, dans l’attente d’un retour de ses parents, qui sont partis au front et dont elle n’a pas des nouvelles. En parallèle, la grand-mère Dieu Lan, remémorera son passé lors de la Réforme Agraire entamée par le communisme dans les années 40 et 50, qui provoqua l’éclatement de sa famille et l’éparpillement de ses six enfants.

Récit larmoyant sur fond de tragédie au Vietnam :

Premier roman de Nguyen Phan Que Mai écrit en Anglais, cette poétesse vietnamienne nous offre un récit intéressant et émouvant mais qui est un peu parasité par un ton larmoyant avec excessivement de pathos. Ce manque de finesse n’empêchera pas le lecteur d’être ému pour le récit de ces femmes courageuses qui font face à des situations impossibles, en essayant de garder toujours la tête haute. C’est une histoire forte de survie et de résilience face à l’adversité, dont on souligne le courage intarissable d’une mère, face à la tragédie qui se cerne sur elle et ses enfants. Mais littérairement parlant, on reste sur notre faim.

Pas trop de travail de description de personnages, ce roman est presque entièrement du ‘plot driven’ : L’action est le moteur de l’intrigue. En opposition du plus intéressant ‘character driven’, dans lequel les différentes personnalités des personnages sont le moteur de l’intrigue. Ici les personnages sont à peu près semblables (des gentils courageux), et c’est seulement dans ses réactions face aux drames qu’on approfondit un petit peu sur ses traits de caractère. En plus de donner un certain caractère manichéen au roman, ce n’est pas la marque de la bonne littérature à mon avis.

Le roman est critique avec le communisme et ses absurdités (Comme par exemple, ces voisins dénonçant des simples employeurs comme des vilains capitalistes qui exploitent le peuple), mais passe étonnement à côté des méfaits de l’invasion américaine des années 70. Après quelques critiques rapides, Nguyen balaye cela d’un revers de main, grâce au personnage de la jeune Huong, qui lit des romans américains (dont ‘Little house in the woods’) ce qui lui permet de comprendre que les américains aussi aiment ses familles et ne sont pas tous méchants. Mwouais... Est-ce que les sujets qui pourraient froisser un potentiel publique américain sont évités ? La question se pose. Cette simplification réductrice crée des lieux communs et niaiseries diverses, genre si tout le monde lisait des livres des autres pays, les guerres cesseraient d’exister.

D’autres phrases à la profondeur douteuse sont parsemées le long de ce roman, avec l’idée d’attraper le lecteur par une certaine beauté poétique. Sauf que souvent ces phrases sont des clichés assez banales :

“The war might destroy our houses, but it can’t extinguish our spirit”

“But war isn’t kindness or sympathy, Huong. War is death, sorrow, and misery.”

“Being a mother is never easy… It’s about failing, learning, and then failing again.”

“As long as I have my voice, I am still alive.”

“Only through love can we drive away the darkness of evil from this earth.”

Malgré ces platitudes, j’ai quand même trouvé ce livre assez agréable à lire et intéressant. Son meilleur atout est cette structure en double linéarité temporaire, dans laquelle on jongle entre présent et passé, nourrissant le récit des informations supplémentaires à chaque passage. Chaque ligne temporaire est narrée à la première personne : La grand-mère dans le passé, et la grand-fille dans le présent. J’ai aussi appris pas mal des choses sur l’histoire de Vietnam au XXe siècle, même si j’avoue que, notamment pour la question du communisme, j’ai trouvé beaucoup plus profonde, subtile et réfléchie, l’écriture de Duong Thu Huong, écrivaine de ‘Les paradis aveugles’ et ‘Terre des oublis’.


Citation :

« Je me suis rendu compte que la guerre est monstrueuse. Si elle ne tuait pas ceux qu’elle touchait, elle leur prenait une partie de ses âmes, pour qu’ils ne puissent plus jamais être entiers. »

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