Littérature des 5 continents : AsieInde

Râdhâ au lotus et autres nouvelles

Tara Shankar Banerji

(Râi Kamal, 1935)
Traduction : France Bhattacharya. Langue d’origine : Bengali
⭐⭐⭐

Ce que raconte cette novella :

Kamal est une belle femme vaishnave, dont la caste ne lui permet pas d’envisager le mariage avec l’homme qu’elle aime. Kamal s’approche d’un renonçant, ensemble ils se débarrassent de toute propriété matérielle et tout attachement et se lancent dans une vie d’errance.

Allégorie de Râdhâ, l’amante de Krishna :

C’est une très belle nouvelle écrite en Bengali par Tara Shankar Banerji, qui nous illustre la vie dans la campagne bengali, mais qui demande un peu de renseignement sur les castes et la mythologie indienne pour bien saisir la métaphore de l’œuvre. Dans la mythologie bengali Râdhâ est une bouvière qui abandonne tout pour suivre le dieu Krishna, et devient son aimante. L’histoire de Kamal est en quelque sorte une réinterprétation du mythe de Râdhâ dans l’univers rurale de la Bengale.

Le récit s’articule au cœur de la communauté Vaishnave et des renonçant, qui font le culte de Krishna, se débarrassant de toute propriété matérielle, et en renonçant à l’amour, la sexualité, la propriété et en général à toute attachement aux choses terriennes. Les vaishnaves vivent à la marge de la société de castes, dans la paix et le refus absolu de toute forme de violence, souvent comme des ermites, dans des grottes ou des cabanes extrêmement sommaires, où bien en vagabondage dans les chemins, vivant des aumônes, de la danse, le chant et des donations, dédiant la plupart de leur temps à la méditation et le culte des dieux. Cette philosophie peace and love et leur attachement à fumer du chanvre, fit de cette communauté une espèce d’icône de la communauté hippie dans les années 70, bien sûr le renoncement de quelques plaisirs plus mondains en moins.

Dans l’histoire de Banerji, la beauté et sensibilité de Kamal fait que ce renoncement de la communauté est confronté au dilemme des émotions et de la vie amoureuse. C’est un beau récit, une fenêtre privilégiée vers un univers mythologiquement très différent de nos sociétés occidentales. Même si sans doute nous manquent des clés pour saisir entièrement l’œuvre, la lecture est aisée et très intéressante.

En plus de la novella ‘Râdhâ au lotus’, le recueil se complète avec les courtes nouvelles ‘La Femme et le serpent femelle’ et ‘Le Salon de musique’.


Citation :

« Les deux vagabonds s’assirent à l’ombre. Leur esprit et leur conscience s’emplirent d’une tendresse épaisse et inexprimable. Assis en silence, ils refaisaient connaissance avec des paysages autrefois si familiers. »

0 Comments

Submit a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Le bâtiment de pierre

Le bâtiment de pierre

Une femme erre dans une prison d’Istanbul, cloitrée derrière des murs de pierre qui ne laissent pas entendre ni les cris ni la douleur. Témoin des tortures, injustices et barbaries institutionnelles, la femme rencontre homme A, un ange prisonnier et mort dans les lieux, qui lui cèdera ses yeux, pour qu’elle puisse faire écho de son existence ailleurs l’enceinte de la prison. Les voix de la femme et de l’homme s’entremêlent, mais seulement elle réussira à revenir et s’ériger en mémoire.

read more
Friday et Friday

Friday et Friday

Collection de récits et nouvelles centrés principalement autour de la guerre civile qui a secoué le Sri Lanka depuis les années 80 du 20e siècle, et dont les conséquences dévastatrices semblent continuer, malgré que le conflit soit officiellement terminé en 2009. Certains de ces récits nos mènent en exil en France, où l’écrivain réside après avoir quitté son pays.

read more
Po-on

Po-on

Po-on, région du nord de l’île de Luchon en Philippines, années 80 du XIXe siècle, vers la fin de la colonisation espagnole. Grace au Père José, Istak Samson, fils de paysans ilocano pauvres, a pu suivre une éducation, a appris à lire et à écrire, et se prépare pour être un des premiers jésuites natifs. Mais lorsque le Père José doit être remplacé par un autre curé plus jeune, Istak est renvoyé.

read more
Mon nom est Rouge

Mon nom est Rouge

Istanbul, fin du XVIe siècle. Monsieur Délicat, un artiste enlumineur qui travaillait pour le Sultan Murad III, est trouvé mort assassiné au fond d’un puits. Revenu à Istanbul depuis peu, Le Noir est mandaté par son oncle pour essayer de résoudre ce mystérieux crime, car il avait travaillé jadis dans les ateliers du Sultan. Les autres artistes qui travaillaient dans les miniatures sont très vite suspectés.

read more