(羅生門, 1915)
Traduction : Arimasa Mori. Langue d’origine : Japonais
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce recueil de nouvelles :
Dans la nouvelle qui donne titre au recueil, un homme misérable et affamé s’abrite de la pluie sous la Porte Rashô. À la suite d’une série de calamités, l’endroit est rempli des cadavres. Une vielle femme arrache les cheveux des morts pour les revendre. Outrée, l’homme l’interpelle, même si lui-même est confronté au dilemme entre mourir de faim ou voler.
Dans le fourré et autres nouvelles :
‘Rashômon’ fut une des premières nouvelles écrites par Akutagawa et cimenta son prestige. Le dilemme moral du protagoniste entre avoir faim ou voler facilite la réflexion sur les limites de la dignité de l’être humain. L’ambiance est très étrange et presque onirique. Malgré sa tristesse, elle est une de plus belles nouvelles du recueil.
Mais, autre ‘Rashômon’, le vrai bijou de ce recueil est la nouvelle ‘Dans le fourré’ (藪の中, Yabu no naka, 1922), probablement la plus créative et intéressante de toute l’œuvre de Akutagawa, et généralement considérée comme son chef d’œuvre. L’intérêt de la nouvelle sied dans la multiplicité de points de vue avec laquelle on regarde l’assassinat d’un samurai survenu en pleine forêt, la disparition de sa femme, et l’enquête qui s’en suit. Pour reconstruire les faits, le récit utilise les dépositions successives de certains témoins auprès du lieutenant qui mène l’enquête, sauf que la vérité semble de plus en plus impossible à élucider, chacun proposant une version différente des faits. Les témoignages commencent par celui du bûcheron qui a découvert le corps et culminent avec le brigand accusé de l’assassinat, la femme du mort et finalement le mort lui-même.
Pour son film visionnaire ‘Rashômon’ (1950), Akira Kurosawa prit seulement le titre et l’emplacement de la nouvelle ‘Rashômon’, mais pour l’intrigue et le dispositif narratif, le réalisateur s’inspira de la nouvelle ‘Dans la fourrée’. Le fait que plusieurs personnes décrivent le même évènement de façon différente (ce qu’on appelle parfois ‘effet Rashômon’), est la clé du film autant que de la nouvelle.
La lecture de ‘Dans le fourrée’ est absolument recommandable. Le reste des nouvelles sont intéressantes, mais l’ensemble est inégal.
Citation :
(Nouvelle ‘Gruau d’ignames’) « La réalisation devenue si aisée de son rêve de toujours ne rendait-elle pas dérisoire la patience avec laquelle l’avait attendue ? »
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