Littérature des 5 continents : AsieInde

Sous le banian

R. K. Narayan

(Under the banyan tree and other stories, 1985)
Traduction : Anne-Cécile Padoux. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐⭐⭐

Ce que raconte ce recueil de nouvelles :

‘Sous le banian’ regroupe un ensemble de nouvelles écrites par Narayan dans une étape de maturité de sa vie littéraire.

Dans la dernière nouvelle qui donne titre au récit ‘Sous le banian’, le conteur illettré Nambi raconte une histoire par mois, qui s’étale sur une dizaine des jours. Mais ce mois-ci, il n’arrive pas à avancer sur sa dernière histoire. Une fois la présentation des personnages et la description de l’endroit faites, l’intrigue prend trop de temps à se développer et son public commence à se lasser et déserte. Nambi sera-t ’il devenu trop âgé pour ce métier ?

Nouvelles de maturité de Narayan :

Narayan, d’origine brahman, maître de la littérature indienne du 20ème siècle, écrivit principalement en anglais, et eut à son époque un succès colossal autant en Inde qu’internationalement. Son incroyable talent pour le storytelling, la composition de personnages, la description du quotidien, et la création de dilemmes moraux sont des marques de fabrique qui lui ont fait traverser les époques, et ses romans, malgré qu’ils soient tombés dans une certaine désuétude, sont encore très lus et étudiés.

Cet écrivain est parfois critiqué par sa pudeur et sa retenue à l’heure d’aborder des sujets de société, comme les conflits de caste, la pauvreté urbaine ou la colonisation. Narayan s’intéresse plutôt à de sujets peu conflictuels et plutôt lisses, cherchant plus l’introspection psychologique, l’ambiguïté morale et l’humour que la dénonciation, plaçant ses histoires plutôt dans une ambiance rurale et champêtre, ou dans la ville imaginaire de Malgundi. Son intérêt sied plus dans la vie intime et les relations entre les êtres humains. De ces récits se dégage un humanisme profond : Les personnages ont des failles, prennent parfois des décisions erronées, souvent ils ne se comprennent pas entre eux, et perpétreront quelques fois des actions douteuses. Mais Narayan ne juge jamais ses personnages, peu importe ce qu’ils font ou ce qui leur arrive, aucune leçon morale ne sera tirée de ces situations, les gentilles ne vont pas forcement sortir vainqueurs. La vie tout simplement continue avec son lot des joies et des déceptions, d’hasard et de misère.

Mon histoire favorite est sans doute ‘Annamalai’, dans laquelle un homme intellectuel souhaite vivre au calme avec ses livres et ses études (Probablement un alter ego de l’écrivain lui-même). Cherchant un gardien-jardinier, Il engage Annamalai, un homme illettré mais franc et directe, qui gèrera toutes les affaires de la maison, toujours à sa façon. Le caractère indomptable de cet homme rustre mais profondément noble, va contraster avec la contenance et rigueur de l’intellectuel studieux.

J’avais lu d’autres romans de Narayan, mais ici j’ai été très agréablement surpris par le développement psychologique des personnages, et par la capacité de l’auteur à véhiculer en peu de pages une histoire profonde et solide, racontant toujours quelque chose d’intéressant sur l’âme humaine.


Citation :

« Les gens qui souhaitent me trouver, doivent savoir où j’habite » (Traduction improvisée)

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