Littérature des 5 continents : EuropePortugal

Alves & Cie

Eça de Queiroz

(Alves & Companhia, 1925)
Traduction : Natália Vital.   Langue d’origine : Portugais
⭐⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Lisbonne, deuxième moitié du XIXe siècle. Godofredo Alves gère une fructueuse entreprise d’export-import que lui rapporte assez pour mener un train de vie aisé pour lui et sa jeune femme Ludovina. Avec son associé Machado, qui est aussi un ami avec qui a de la vraie complicité, les journées se déroulent paisiblement. Un jour, Machado est absent du bureau comme d’habitude pour poursuivre une de ces conquêtes féminines. Cette pensée amuse toujours Godofredo, qui est un homme fidèle et pas de tout aventurier. Il rentre à la maison tôt pour faire une surprise à sa femme, pour le quatrième anniversaire de leur mariage. Sauf que à l’arrivée à la maison Alves découvre sa femme dans les bras de Machado en train de s’embraser sur le canapé jeune du salon. Alves, livide, échafaude le moyen de prendre la revanche. Un duel s’impose, mais comment ?

Adultère et conformisme de classe :

Le manuscrit de cette nouvelle tragicomique fut trouvé par le fils de l’écrivain vingt-cinq années après la mort de son auteur. ‘Alves & Cie’ fut publié en 1925 après quelques ajustements et remaniements effectués par son fils en vue à rendre cohérent ce travail pas complètement achevé.

Toute une culture de classe nous est présentée dans tout sa splendeur et toute sa misère. Avec un ton plutôt satyrique, l’œuvre décrit tout l’univers bienpensant, l’hypocrisie et les dissimulations caractéristiques de la bourgeoisie lisboète de la fin de XIXe. Car cet affront qui subit Alves, risque de mettre en péril son petit confort bourgeois, et autour de lui, tous les personnages vont se positionner cyniquement pour que le statuquo ne change pas, et que la vie continue son cours sans faire de vagues. Ce dilemme entre l’honneur et le confort, entre la soif de revanche et le souhait que rien ne change, constitue le nerf du roman.

Malgré ce sarcasme flagrant de la narration, le roman tourne un peu à la comédie de mœurs légère, et le tout semble prendre un ton plus conventionnel et désuet, à la limite du roman-mise en garde. Il manquerait un peu du mordant et de la mauvaise fois qu’on aurait pu s’attendre après les deux premiers tiers du livre. Du coup le dénouement est sympathique mais sans plus. C’est bien dommage car la narration était excellente jusqu’à là. Cela reste quand même une nouvelle intéressante, très entertaining, et qui se lit très aisément. C’est un bon exemple du talent de l’écrivain portugais pour dépeindre cet univers bourgeois du paraître et des faux semblants, autour d’un de ses sujets phare, l’adultère féminin.


Citations :

« Ce n’était pas juste ! C’était l’autre qui avait occasionné tous ces dégâts, la destruction d’une belle félicité… C’était l’autre qui devait mourir ! »

 

« Godofredo fut brusquement suffoqué par le ridicule de sa situation. Il appartenait à cette grotesque légion des maris trompés qui ne peuvent rentrer chez eux sans que, d’un coin ou d’un autre, ne s’échappe un amant. » (Traductions improvisées)

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