(Amor de Perdição, 1862)
Traduction : Jacques Parsi. Langue d’origine : Portugais
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Simon et Thérèse sont des jeunes adolescents qui appartiennent à deux familles voisines brouillées par des obscures histoires anciennes. Face à l’acharnement des deux familles qui s’opposent violemment à leur amour, les deux malheureux suivront sa romance de façon clandestine, en essayant de surmonter tous les obstacles qui entravent leur relation, jusqu’à que la violence et l’injustice feront plonger leurs vies dans une situation tragique.
Roméo et Juliette à la portugaise :
L’œuvre de Shakespeare est l’inspiration non cachée de ce drame d’aventures, œuvre capitale de la littérature romantique du XIXe siècle portugais. Le roman est souvent critiqué par son romantisme exacerbé, lui reprochant un manque de finesse dans toutes ces débordements sentimentaux. On souffre, on pleure et on se languit de mourir d’amour assez facilement dans ‘Amour de Perdition’. Mais cette haleine tragique complètement assumée du livre est rattrapée par le talent indéniable de son auteur. Avec son style sobre et élégant malgré les excès, Castelo Branco nous submerge aisément dans la lecture et on adhère sans regret à ce mélodrame romanesque.
Castelo Branco écrivit ce roman lors d’un séjour en prison, ce qui marqua clairement le ton du récit (et l’intrigue elle-même). Si bien le roman est partiellement basé sur la vrai vie et épopée de Simon Botelho, oncle de l’écrivain, par la plupart les personnages et situations seront inventés et romancés. Le personnage de Manuel, le père de Castelo Branco, joue un rôle secondaire, mais plus fidèle à la réalité autobiographique, tandis que les deux jeunes femmes protagonistes du livre, Thérèse et Mariana, sont des créations littéraires destinées à présenter deux idéaux très différents de la femme honnête et pure.
Car, mis à part les deux jeunes filles, la plupart de personnages (Simon inclut) ont des côtés sombres et des conflits de conscience : Comme ces religieuses dans le couvent où Thérèse atterrit, qui cachent une vie intérieure tumultueuse et corrompue. Ou l’ami Jean de Cruz avec son côté impétueux et sa gâchette facile, qui sera le contrepoint de la pureté de sa fille Mariana. Et aussi le père de Thérèse qui mettra son propre honneur au-dessus de l’honnêteté de sa fille. La société portugaise de l’époque, enterrée dans des mœurs absurdes et vétustes, est critiquée sans appel par Camilo Branco, dans ce récit qui se teint de noir progressivement, à la façon du matériel de source, la pièce ‘Romeo et Juliette’ de Shakespeare.
Citation :
« Pleurez ma sœur, pleurez, mais voyez-moi au travers de vos larmes ! »
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