(Cañas y barro, 1902)
Traduction : Yann Le Chevalier. . Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Albufera, Valencia, au début du XXe siècle, un pays de marais sauvages ou seulement quelques pêcheurs et ses familles vivent dans des conditions très misérables. Tonet et Neleta s’aiment depuis l’enfance, mais le départ de Tonet pour la guerre de Cuba va les séparer. À son retour il trouvera Neleta mariée avec Cañamel, le richissime propriétaire du bar et de bonne partie du village.
Tragédie rurale dans la nature sauvage de l’Albufera :
La Albufera, ce paysage plat et sauvage, habité seulement par des pécheurs isolés et taciturnes, remplit des marais mystérieux, est un personnage à part entière du roman. Cette terre têtue, qui refuse d’être cultivé et qui s’obstine à se remplir d’eau sans qu’on puisse la désengorger, est le décor idéal pour cette histoire des passions cachées, amours clandestins, haines rurales et violence contenue.
Ce roman à vocation naturaliste, très clairement dans la lignée du Zola (notamment de son roman rurale ‘La terre’), commence dans le costumbrismo, nous faisant le portrait d’un lieu et d’une époque, pour s’enfoncer dans le réalisme, en s’attachant aux misères de cette communauté qui vit au bord de l’eau, et ses luttes pour réussir à faire des terres cultivables de ces larges extensions remplies d’eau. L’histoire débouche peu à peu dans une tragédie aux accents truculents, annonçant le courant littéraire du tremendismo, popularisé beaucoup d’années plus tard par Camilo José Cela ou Miguel Delibes.
Roman avec multitude des personnages, nous offre des portraits merveilleux, commençant par la famille des Paloma, symbole de l’honnêteté, et dont Tonet est le dernier descendant, puis la volubile et calculatrice Neleta, la tendre et gentille Borda, l’intrigante Sangonera ou l’impitoyable cacique Cañamel. Le roman connut une nouvelle popularité espagnole à la fin des années 70s, due au succès impressionnant de la série qui était tirée de lui. J’avais été marqué par cette série dans mon enfance (la série ne ménageait pas les séquences les plus osées), j’ai voulu me pencher 30 ans après sur le roman d’origine et j’ai été émerveillé.
Ce roman du Zola espagnol, toujours inclus dans les listes des meilleurs romans de l’histoire de la littérature espagnole, est cependant très méconnu hors d’Espagne, favorisant à l’internationale autres œuvres de l’auteur, comme ‘Arènes sanglantes’ ou ‘Les quatre cavaliers de l’apocalypse’. Un chef d’œuvre à découvrir d’urgence.
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