(Niebla, 1914)
Traduction : Catherine Ballestero. . Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Augusto Perez, un homme bourgeois qui mène une vie très méthodique et répétitive commence, après la mort de sa mère, à se poser des questions reliées à son futur sentimental. Il n’hésite pas à en parler pendant des heures à son confident et ami, Victor Goti, mais aussi à son chien. Suite à plusieurs bouleversements dans sa vie, comme les conflits avec la femme dont il rêve, Eugenia, et sa blanchisseuse Rosario, avec laquelle il semble avoir une attirance. Augusto réalise qu’il a vécu jusqu’alors dans une espèce de brouillard et s’interroge sur la finalité de son existence, et la vraie essence de l’amour et la vie. Et toutes ces questions, Augusto va les poser à l’écrivain de son histoire, Unamuno lui-même.
Classique espagnol de métafiction :
Unamuno dévoile à son protagoniste qu’il n’est plus qu’un personnage de fiction, complètement soumis à la volonté de l’écrivain. Il s’ensuit une réflexion sur le lien entre l’auteur et ses personnages, assimilé au lien entre Dieu et sa création. On évoque le libre arbitre et la prédestination. C’est assez original et, n’ayez crainte, pas du tout impénétrable. Cela se lit très facilement malgré le teneur philosophique du récit.
Exemple parfait de ce que la génération du 98, celle qui est née de la désillusion après la perte de Cuba en 1898, dernière colonie espagnole, représenta. Avec un œil très critique sur la société espagnole de l’époque, ces intellectuels, avaient l’ambition de mener l’Espagne vers le futur grâce à l’éducation du peuple. Côté littéraire, l’écriture tentait de dépasser le réalisme, pour arriver à un travail psychologique plus poussé. D’autres écrivains de la Génération du 98 sont Antonio Machado, Pío Baroja et Ramón del Valle-Inclán.
Selon le propre auteur, il essayait une nouvelle forme d’écriture appelé « Nívola ». Une sorte de novella (longue nouvelle) avec une forme un peu plus libre, axée sur la capacité des personnages de s’affranchir de la structure classique d’une nouvelle, pour s’exprimer plus librement. Cela pourrait paraître prétentieux, mais Unamuno nous présente cette métafiction d’une façon assez habile, même si cette novella (ou nívola) peut rassembler un peu datée pour un certain publique.
Donc beaucoup de monologue intérieur et de réflexion sur la vie et l’existence, dans un des livres phare du génial écrivain espagnol. Si la thématique vous effraie, mais vous voulez quand même découvrir cet auteur espagnol très méconnu à l’international, pensez que son roman ‘La tante Tula’ est beaucoup plus accessible et conventionnel, mais tout aussi merveilleux.
Citation :
« Ce qu’il y a c’est du dialogue, surtout du dialogue. C’est qui est important est que les personnages parlent, qu’ils parlent beaucoup, même s’ils ne disent rien. (…) Bien que, bien sûr, tout ce qu’ils disent mes personnages, c’est bien moi qui le dis. »
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