(Priče sa satnim mehanizmom, 2018)
Traduction : Pas connue. Langue d’origine : Bosniaque
⭐⭐
Ce que raconte ce recueil de nouvelles :
Collection de courtes nouvelles qui tournent autour de la guerre et le désespoir. Les récits sont reliés par la présence directe ou indirecte d’une horloge, o d’une montre, de son mécanisme intérieur, et du temps qui passe inexorablement.
Tic-tac guerre :
Faruk Šehić dit lui-même qu’il écrit pour se protéger de la guerre. Avec un langage axé énormément sur la métaphore et le surréel, l’écrivain veut justement évoquer l’indescriptible et l’horreur. Moitié prose, moitié poésie, ces récits sont extraordinairement opaques et je ne suis pas arrivé à comprendre où est que l’écrivain voulait nous mener. C’est peut-être la traduction espagnole que j’ai lue (Pas de traduction française à ce jour de 2022), mais je suspecte que le ton est vraiment impénétrable, malgré la beauté du texte.
Les mécanismes d’horlogerie qui apparaissent dans tous les nouvelles (notamment dans ‘L’horloge en sang et chair’) ont sans doute une portée symbolique : C’est peut-être la métaphore d’un monde intérieur plus cohérent et logique qui permet de donner du sens à un extérieur trop sombre, impossible à accepter ? Ou c’est plutôt le temps qui s’écoule de façon inexorable, laissant l’insouciance de jadis inatteignable désormais ? En tout cas, ce tic-tac surréel et poétique contraste avec la réalité horrifique de la guerre, qui est sans doute le thème récurrent dans la plupart des nouvelles. La narration oscille donc, entre un ton concret et réel, et un autre ton plus poétique et irréel, mais ce mélange abouti à mon sens dans un ensemble très décousu.
Faruk Šehić gagna le prix de l’union européenne de littérature pour son livre ‘Sous pression’, qui parle aussi des conséquences de la guerre dans l’ancienne Yougoslavie et des séquelles psychologiques qui ont suivi chez les bosniens.
Citations :
« Il faut craindre le vent du sud, qui parcourt les rues et distribue gratuitement des revolvers chargés. ‘Tirez !’ dirait le vent, ‘tirez sur ceux qu’ils sont les moins coupables’. »
« Dans les appartements abandonnés je trouvai ma propre harmonie. Ici je rêvai du silence et de la paix des vies d’autrui. Le vent circule comme il peut sous la porte blindée et propage la poussière sur un appartement à demi vide. La poussière envahit l’air et ses particules scintillent au soleil. Elles tombent comme les livres, reposant les unes sur les autres. Dans un certain livre, nos vies continuent, infatigables. Là-bas nos mots font l’amour. Ici, la poussière n’a pas la moindre chose à faire. Nous vieillissons mais nous sommes éternellement jeunes. »
« Chaque mécanisme d’une horloge mécanique tend à la précision, mais finit toujours en déception, comme la poésie tend à la vérité du cosmos juste quand elle parait complètement arbitraire et indéfinie. » (Traductions improvisées)
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