(Все там будем, 2008)
Traduction : Raphaëlle Pache. Langue d’origine : Russe
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Ce que raconte ce roman :
Larga, Moldavie. La seule ambition des habitants de ce village moldave est de quitter leur pays et rejoindre la terre de ses rêves : l’Italie, ce paradis de prospérité, où tout le monde aura un emploi digne et la vie est belle. L’une après l’autre plusieurs tentatives se succèdent. Un groupe décide de vendre tous leurs biens pour payer 4000 euros à un gang de passeurs, puis un autre crée une équipe de Curling destinée à des compétitions internationales, tandis que d’autres essaient de fabriquer un avion avec les moyens du bord, ou de mettre des ailes à un tracteur. Même le président moldave souhaite quitter son pays avec un avion de l’état. Mais les échecs s’empilent. Parviendront un jour à rejoindre leur El Dorado ?
Ceci n’est pas une carte postale de la Moldavie :
Loin de la carte postale, ‘Des mille et une façons de quitter la Moldavie » n’est pas tendre avec la Moldavie, qui selon certaines études serait le pays le plus pauvre d’Europe. Après la publication d’un libre si incroyablement critique avec son pays, Lortchenkov connut pas mal de soucis avec l’état, et envisagea de plus en plus de faire ce que son livre recommande chèrement, quitter le pays. Les tensions entre la Russie et l’Ukraine en 2014 lui firent décider de chercher un avenir au Canada, où il continue à écrire.
‘Des mille et une façons de quitter la Moldavie’ est un satyre vraiment déjanté qui est censé exhiber un sens de l’humour désopilant, or j’ai trouvé que le mécanisme comique de la plupart de scénettes tombait à plat. Les gags sont très désuets et beaucoup trop poussifs, perdant toute son effectivité au moment de la chute. Ce n’est pas l’humour noir qui me dérange (Les gens s’entretuent, se pendent et se poussent au suicide, sans le moindre atermoiement), ce que ce n’est pas vraiment drôle ni particulièrement profond, et surtout c’est très redondant. Du coup ce roman relativement court se fait long.
Très dommage car je pense que Vladimir Lortchenkov est un bon écrivain malgré tout, mais il présente une image tellement déprimante de la Moldavie que du coup c’est difficile de faire de l’humour avec un panorama si plat et inintéressant, et avec des personnages tellement abrutis, mesquins, corrompus et fainéants. Il n’y a presque aucun contraste entre eux, ils sont tous des copies conformes les uns des autres. Du coup le roman fait en permanence de surplace même si on rajoute des nouveaux éléments loufoques. De plus, il y a très peu de personnages féminins, et aucun qui ait la moindre entité. La vision de la femme dans le roman est encore plus schématique que celle de l’homme. La femme moldave est encore moins intéressante que l’homme moldave.
Quand même, on sent que Lortchenkov aime son pays, mais le tableau qui nous présente dans ce satyre est tout simplement ahurissant. C’est un pays pauvre, triste, gris et rempli des gens fades et médiocres. Le paradis des ploucs. Le seul élément rédempteur dans toute cette farce est ce positivisme irréductible, que fait que les personnages gardent l’espoir et essaient d’aller de l’avant malgré tout et contre tout. Mais c’est loin d’être suffisant. On souhaite fuir tellement en vitesse de ce pays, que du coup on souhaite aussi finir le roman le plus vite possible.
Citation :
« Des livres, dit Séraphim. Comme presque tout ce que je sais dans cette vie. L’italien, je l’ai appris dans les livres ; l’Italie, je l’ai découverte dans les livres ; la sculpture de Michel-Ange, je l’ai aimée dans les livres. Comme tu peux le voir, je n’ai jamais rien vu ni entendu pour de vrai, en fait. »
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