(Free: Coming of Age at the End of History, 2021)
Traduction : Philippe Aronson. Langue d’origine : Anglais
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman autobiographique :
Léa Ypi est née à Tirana en 1979 et a grandit sous le régime communiste, convaincue des bienfaits du parti unique et du leader Enver Hoxha, jusqu’à que la chute de communisme en 1990 dévoilera une toute nouvelle réalité. La fin de son enfance sera marquée par les grands changements qui s’opèrent dans le pays, au fur et à mesure que la démocratie s’installe. Mais lorsque la jeune Léa rentre l’adolescence, la guerre civile de 1997 se dessine à l’horizon.
Avant et après le communisme :
Ce récit autobiographique permet de s’approcher de l’histoire récente de l’Albanie à la fin du 20ème siècle, car tous les évènements marquants de l’histoire du pays, s’immiscent dans la narration. Elle grandit dans le communisme d’Enver Hoxha ; son enfance est marquée par les fuites, les exils et la chute du communisme ; et son adolescence par l’instabilité politique, la guerre civile et son propre exile en Italie. Mais ce sont les petits détails, comme cette canette de Coca-Cola qui est exhibée comme un trésor, ce qui fait que le récit s’envole et gagne en lucidité et profondeur.
Léa Ypi est née des parents que, comme tout le monde autour d’elle, étaient en apparence communistes, sauf que petit à petit elle va découvrir des nouvelles réalités totalement inattendues. L’histoire autobiographique de l’écrivaine épouse l’évolution du pays, et le dialogue entre le quotidien et la politique, entre la petite et la grande histoire, se fait en permanence. Le chapitre où l’enfant découvre la réalité que l’entoure tel qu’elle est et pas comme on la lui avait racontée jusqu’à présent, est sans doute un des moments clés du livre.
Le mécanisme narratif est classique mais efficace : Léa Ypi adulte raconte la vie de Léa Ypi enfant, avec un regard détaché et assez factuel, préférant sans aucun doute tomber dans l’humour et la dérision que dans le drame et la compassion, malgré les difficultés bien réels vécues par elle et sa famille lors de ces années noires de l’histoire albanaise.
Bien écrit et idéal pour découvrir plein des choses sur ce pays méconnu, ‘Enfin libre’ est un récit irrégulier mais toujours intéressant et marqué par un humour fin et singulier.
Citation :
« J’avais grandi en croyant que ma famille partageait mon enthousiasme pour le Parti, mon envie de servir le pays, mon mépris pour nos ennemis et mon inquiétude parce que nous n’avions pas de héros à commémorer. Cette fois, j’avais le sentiment que c’était différent. Mes questions sur la politique, le pays, les manifestations et ce qui se passait ne recevaient que des réponses succinctes et évasives. Je voulais savoir pourquoi tout le monde exigeait d’être libre alors que nous nous trouvions déjà dans le pays le plus libre qui fût (…) »
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