Littérature des 5 continents : EspagneEurope

Épisodes nationaux Série I

Benito Pérez Galdós

(Episodios nacionales Serie Primera, 1873/1875)
Traduction :  Pas de traduction complète.   . Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐⭐

Ce que raconte cette série de 10 romans :

Le long des dix volumes de cette série on suit l’épopée du jeune Gabriel de Araceli, ses aventures en temps de guerre et sa quête d’un amour pur. À travers le regard de Gabriel, on traverse l’Espagne napoléonienne sous domination française, dès la bataille de Trafalgar en 1805 jusqu’à la défaite française aux Arapiles, en 1812.

Romans d’initiation sous fond de série historique :

Les Épisodes Nationaux sont composés de 5 séries, que Galdós écrivit le long de sa vie. Les quatre premières séries s’étalent sur dix romans chacune. La dernière série, avec six volumes, resta sans finir. En tout, 46 romans d’aventures feuilletonesques dans le cadre historique du XIXe siècle espagnol.

Dans cette première série, les évènements historiques de l’Espagne du début du XIXe siècle s’immiscent dans l’histoire du jeune Gabriel et son évolution. Le jeune picaro assez malin des débuts affirmera petit à petit sa personnalité adulte, jusqu’à devenir un héros noble, habitée par des idéaux de justice et générosité, et apprendra que le bonheur réside dans le partage et l’humain.

Le premier épisode ‘Trafalgar’, qui se déroule sur les bateaux militaires en pleine bataille navale entre les anglais et l’armée Franco-Espagnole, et l’épisode ‘Gérone’, qui relate le siège de la ville de Gérone et est le seul où Gabriel n’apparaît pas, sont, en soi, deux chefs d’œuvre de Galdós. Mais les dix épisodes de la série, narrés par Gabriel à la première personne (sauf le mentionné ’Gérone’), gardent un ensemble cohérent et une qualité littéraire très élève.

Certains volumes de la série ont été traduits en Français par Francis de Miomandre, mais la plupart restent sans traduction. L’œuvre de ce géant littéraire espagnol demeure assez peu connue en France. La série se compose des suivants dix romans, dans l’ordre chronologique et de publication :

I. ‘L’Escadre héroïque’ (‘Trafalgar’, 1873)

II. ‘La Cour de Charles IV’ (‘La Corte de Carlos IV’, 1873)

III. ‘La Révolte’ (‘El 19 de marzo y el 2 de mayo’, 1873)

IV. ‘Baylen’ (‘Bailén’, 1873)

V. ‘Napoléon à Chamartin’ (‘Napoleón en Chamartín’, 1874)

VI. ‘Saragosse’ (‘Zaragoza’, 1874)

VII. ‘Gérone’ (‘Gerona’, 1874)

VIII. ‘Cadix’ (‘Cádiz’, 1874)

IX. ‘Juan Martín el Empecinado’ (1874)

X. ‘La Bataille des Arapiles’ (‘La batalla de los Arapiles, 1875)

Pérez Galdós, un génie très méconnu :

Probablement l’écrivain espagnol le plus réputé après Cervantes, le travail de ce génie du XIXe siècle est très méconnu dans l’univers Francophone, et donc très peu traduit. C’est bien dommage car il s’agit d’une œuvre gigantesque de dimensions Balzaciennes, autant par le volume que pour la qualité littéraire : ‘Fortunata et Jacinta’, ‘Miaou’, ‘Miséricorde’, ‘Doña Perfecta’, ‘Trafalgar’ sont seulement quelques romans remarquables parmi une œuvre colossal à tous les niveaux.

Dans la plupart de l’œuvre très prolifique de Pérez Galdós on retrouve une grande perspicacité psychologique qui nous permet de capter, par le biais d’un nombre incalculable de personnages, l’essence de l’humain et les inquiétudes de l’homme (et la femme) espagnol du XIXe siècle. D’un côté la classe moyenne, souvent décrite avec des airs de supériorité vis-à-vis des classes moins favorisées, mais tiraillée par une profonde angoisse de la perte de privilèges, et de la chute social et économique qui menacent toujours à l’horizon. Les classes plus populaires sont travaillés avec de la profondeur et de l’ironie, mais aussi avec tendresse et compassion. Le riche a peur de devenir pauvre, et le pauvre a peur de rester dans la pauvreté. L’utilisation des dialogues souvent vulgarisés, et des tournures de phrases très populaires, aide à comprendre ce côté « voix du peuple » qu’on a souvent associé à Galdós. Son style sobre, directe et épuré, recherchant le naturel au-dessus de tout artifice, n’est pas exempt d’un phrasée créatif et poétique et d’une richesse lexique fabuleuse.

La capacité de travail, la facilité et le talent pour l’écriture de Galdós sont évidentes quand on voit qu’il a écrit plus de 80 romans, environ 30 pièces du théâtre, des incalculables essais et publications, et a dirigé plusieurs magazines spécialisés, en plus de devenir député libéral pendant des nombreuses années. Naturaliste, costumbrista et réaliste à parts égales, Galdós connait très bien l’Espagne et connait aussi très bien la nature humaine. Son travail sur le côté misérable autant que sur le côté lumineux de l’être humain, couplé avec le réalisme de la société représentée, et l’incroyable finesse et diversité de ses personnages féminins, nous permet de situer ce géant de la littérature espagnole quelque part entre Zola et Balzac, et sans doute dans le panthéon des plus grands écrivains européens de la deuxième moitié du XIXe siècle.

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