Littérature des 5 continents : EspagneEurope

Épisodes nationaux Série II

Benito Pérez Galdós

(Episodios nacionales Serie Segunda, 1875/1879)
Traduction :  Pas connue.   . Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐

Ce que raconte cette série de 10 romans :

Dans cette deuxième série, des nouveaux protagonistes vont prendre le relais. Le fil conducteur sera le personnage de Salvador Monsalud, fils illégitime, qui pour échapper à la pauvreté rejoint l’armée du Roi José I, et suivra les déplacements reliés à la campagne militaire, participant aux évènements marquants de l’histoire d’Espagne entre 1813 et 1833. Salvador sera, tour à tour, du bon et du mauvais côté, acclamé et vilipendé selon le moment historique. Le récit suit l’épopée de ce soldat dès la fin des guerres napoléoniennes, mais aussi ses aventures amoureuses entre sa fiancée Jenara et la douce Soledad.

La série historique continue avec des nouveaux personnages :

Les Épisodes Nationaux sont composés de 5 séries, que Galdós écrivit le long de sa vie. Les quatre premières séries s’étalent sur dix romans chacune. La dernière série, avec six volumes, resta sans finir. En tout, 46 romans d’aventures feuilletonesques dans le cadre historique du XIXe siècle espagnol.

Dans cette deuxième série, les évènements historiques de l’Espagne du XIXe siècle s’immiscent dans l’histoire de Monsalud et de toute une myriade de personnages secondaires. On commence avec la fin du royaume de José I, puis sous Fernando VII (1814-1820), la période triennal libéral (1820-1823) et la décennie abominable (1823-1833).

Narrée, à différence de la première série, à la troisième personne, ce procédé permet à Galdós de véhiculer plus sa propre idéologie et sa réflexion. L’ensemble est certainement plus sombre, amer, pessimiste, et aussi un peu plus décousu que la première série, cependant le niveau littéraire reste solide et intéressant.

L’œuvre de ce géant littéraire espagnol demeure assez peu connue en France. Aucun des volumes de cette série n’a pas été traduite en Français à ma connaissance. Elle se compose des suivants dix romans, dans l’ordre chronologique et de publication :

I. ‘El equipaje del rey José’ (1875)

II. Memorias de un cortesano de 1815’ (1875)

III. ‘La segunda casaca’ (1876)

IV. ‘El Grande Oriente’ (1876)

V. ‘7 de julio’ (1876)

VI. ‘Los cien mil hijos de San Luis ‘ (1877)

VII. ‘El terror de 1824’ (1877)

VIII. ‘Un voluntario realista’ (1878)

IX. ‘Los Apostólicos’ (1879)

X. ‘Un faccioso más y algunos frailes menos’ (1879)

Pérez Galdós, un génie très méconnu :

Probablement l’écrivain espagnol le plus réputé après Cervantes, le travail de ce génie du XIXe siècle est très méconnu dans l’univers Francophone, et donc très peu traduit. C’est bien dommage car il s’agit d’une œuvre gigantesque de dimensions Balzaciennes, autant par le volume que pour la qualité littéraire : ‘Fortunata et Jacinta’, ‘Miaou’, ‘Miséricorde’, ‘Doña Perfecta’, ‘Trafalgar’ sont seulement quelques romans remarquables parmi une œuvre colossal à tous les niveaux.

Dans la plupart de l’œuvre très prolifique de Pérez Galdós on retrouve une grande perspicacité psychologique qui nous permet de capter, par le biais d’un nombre incalculable de personnages, l’essence de l’humain et les inquiétudes de l’homme (et la femme) espagnol du XIXe siècle. D’un côté la classe moyenne, souvent décrite avec des airs de supériorité vis-à-vis des classes moins favorisées, mais tiraillée par une profonde angoisse de la perte de privilèges, et de la chute social et économique qui menacent toujours à l’horizon. Les classes plus populaires sont travaillés avec de la profondeur et de l’ironie, mais aussi avec tendresse et compassion. Le riche a peur de devenir pauvre, et le pauvre a peur de rester dans la pauvreté. L’utilisation des dialogues souvent vulgarisés, et des tournures de phrases très populaires, aide à comprendre ce côté « voix du peuple » qu’on a souvent associé à Galdós. Son style sobre, directe et épuré, recherchant le naturel au-dessus de tout artifice, n’est pas exempt d’un phrasée créatif et poétique et d’une richesse lexique fabuleuse.

La capacité de travail, la facilité et le talent pour l’écriture de Galdós sont évidentes quand on voit qu’il a écrit plus de 80 romans, environ 30 pièces du théâtre, des incalculables essais et publications, et a dirigé plusieurs magazines spécialisés, en plus de devenir député libéral pendant des nombreuses années. Naturaliste, costumbrista et réaliste à parts égales, Galdós connait très bien l’Espagne et connait aussi très bien la nature humaine. Son travail sur le côté misérable autant que sur le côté lumineux de l’être humain, couplé avec le réalisme de la société représentée, et l’incroyable finesse et diversité de ses personnages féminins, nous permet de situer ce géant de la littérature espagnole quelque part entre Zola et Balzac, et sans doute dans le panthéon des plus grands écrivains européens de la deuxième moitié du XIXe siècle.

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