(Incerta gloria, 1956)
Traduction : Marie Bohigas, Bernard Lesfargues. Langue d’origine : Catalan
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Guerre civile espagnole (1936-1939). L’histoire se déroule en trois parties qui retracent la vie de Juli Soleras, soldat du front républicain. Trois narrateurs prennent la parole à tour de rôle : Lluis, un jeune avocat et ami de Juli qui se bat dans le même front que lui, en Aragon, puis sa petite copine Trini, resté avec son fils à Barcelone, et finalement Cruells, jeune séminariste également au front. Les angoisses de Juli vont être prémonitoires de l’avancée de la guerre.
La défaite des illusions :
C’est l’unique roman de Sales, traducteur et éditeur (entre autres, des œuvres de l’écrivaine Mercè Rodoreda). Le thème est la perte des espoirs et illusions de jeunesse après le résultat décevant de la guerre et l’approche des années noires. La structure du roman est complexe avec trois personnages et trois temporalités qui se mélangent, et qui nous livrent ce portrait d’une jeunesse qui se perd petit à petit, abandonnant ses espoirs.
Publié par la première fois en 1956, le roman subira mil épopées de censure, de re-travail et des restaurations successives. L’édition complète fut publiée par la première fois en France en 1962, et en Espagne en 1969. ‘Incerta Gloria’ est presque unanimement salué comme le chef d’œuvre de la littérature catalane écrite pendant le franquisme (Sales, comme Rodoreda, vivait en exil depuis la défaite des républicains). Mais, selon mon humble opinion, c’est un roman solide mais plutôt lent et ennuyeux. Par contre, sa valeur comme témoignage historique est incalculable ; c’est un de premiers récits de la guerre civile, écrit par quelqu’un qui l’avait vécu en première personne, Sales étant soldat dans l’armée républicaine. L’objectif dernier du livre, selon Sales lui-même est, de « témoigner la vérité contre le mensonge noir et le mensonge rouge ». Pari réussi donc.
« The uncertain glory of an April day » est une phrase sortie d’un poème de Shakespeare.
Citation :
« À un certain moment de la vie, on a l’impression de se réveiller comme d’un rêve. La jeunesse est derrière nous. Bien sûr qu’elle ne pouvait pas durer éternellement ; être jeune, qu’était-ce au juste ? Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage, dit Baudelaire ; peut-être toute jeunesse n’a-t-elle jamais pu être qu’un ténébreux orage zébré d’éclairs de gloire, d’incertaine gloire, un jour d’avril. »
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