(Jardí vora el mar, 1967)
Traduction : Edmond Raillard. Langue d’origine : Catalan
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Mémoires d’un vieux jardinier, suivant l’histoire d’une famille bourgeoise qui séjourne chaque été dans cette maison dotée d’un jardin splendide au bord de la mer.
Jardin, témoin involontaire :
La maison et son jardin comme à personnage à part entière, incarnés dans le personnage du jardinier, témoin involontaire, pas investi émotionnellement. L’histoire de la famille, ses misères, ses secrets et ses mondanités s’étalent le long de six années de séjours estivales passés sur les lieux.
La décadence des lignées de familles riches, le passage de temps comme à élément destructeur des espoirs, et la possession de l’argent comme à moteur de la corruption et la ruine morale. Voilà les thèmes du roman, développés comme toujours, avec ce style plutôt sobre et sans stridences qui caractérise la génial autrice catalane.
Rodoreda met ici au travail toute la panoplie de thèmes habituels dans son œuvre, pour les combiner dans une sorte d’essai grandeur nature de ce qui sera son grand chef d’œuvre, ‘Miroir Brisé’. Mais détrompez-vous, ce roman préparatoire est en soi-même, un roman magnifique. Même si écrit bien des années avant, je recommande le lire plutôt après ‘Miroir Brisé’ car il le complémente parfaitement. Mais laissez passer quelque temps entre l’un et l’autre. Selon mon humble opinion, Rodoreda se savoure mieux une fois par an.
Publié après ‘La place du Diamant’ et ‘Rue des Camélias’, ce roman était en fait, écrit avant. C’était le premier long roman que Rodoreda écrivit en Suisse, lors de son exile de l’Espagne du franquisme, et marque donc son retour à la littérature après une triste ellipse.
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