(Fl-isem tal-Missier (u tal-Iben), 2010)
Traduction : Nadia Mifsud. Langue d’origine : Maltais
⭐⭐
Ce que raconte ce récit autobiographique :
L’écrivain Immanuel Mifsud retrouve le journal intime de son père. Cela le plonge dans ses souvenirs et commence à remémorer son enfance et sa relation conflictuelle avec son géniteur. Son père avait servi dans l’armée britannique pendant la deuxième guerre et il était rentré en héros. Mais l’éducation qui a fourni au petit Immanuel sera toujours basée sur l’exigence, l’obsession par la virilité et le refus de toute forme de faiblesse, pleurs inclus. Toujours terrifié à l’idée de décevoir cet homme sévère et dur, Immanuel grandit avec la peur de refaire les mêmes erreurs que son père lorsque lui-même sera parent.
Règlement de comptes avec le géniteur :
C’est un récit assez court et très poétique, marqué par un ton nostalgique et un langage beau et relevé, mais qui reste accessible et simple malgré tout. Je pense que le travail de la traductrice Nadia Mifsud, maltaise qui habite en France, y est pour quelque chose, car le phrasée est magnifique et cette traduction semble garder toute la beauté du récit. Cependant la traduction de titre en français ne respecte pas le titre original, ‘Je t’ai vu pleurer’ suggère bien l’idée de la faiblesse et la masculinité, tandis que le titre original ‘Au nom du père (et du fils)’ insiste plus sur le lien de parentalité et le coté dogmatique de l’œuvre.
Malgré la beauté des mots, le roman n’arrive pas à offrir une réflexion porteuse qui puisse aller au-delà du sujet du père sévère, de la virilité toxique, et de la peur de la transmission des erreurs de nos pères. Il n’y a pas une vraie narration. Peut-être de peur de tomber dans le pathos l’écrivain a gardé trop les distances avec son propre récit, et de ce fait, l’émotion reste fade. C’est beau et intéressant mais plat et lisse. Cela permet de cocher la case Malte si vous êtes en train de faire un challenge de lecture around the world.
Citation :
« Sur la tombe de ta mère. J’ai vu la larme couler derrière les verres sombres et épais de tes lunettes. Les choses n’auraient pas dû se passer ainsi, mais cette larme t’est montée aux yeux et elle a fini par couler. Tu croyais que je n’avais rien vu, mais moi, je t’avais à l’œil. Je t’avais tout le temps à l’œil. Je t’observais sans cesse, te surveillais, scrutais le moindre de tes gestes. »
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