(1998)
Langue d’origine : Français
⭐⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
1914, premiers jours de la guerre mondiale. Le jeune officier Adrien est blessé par un obus, qui le défigure le visage. Ces blessés de guerre, appelés les ‘gueules cassés’ se retrouveront dans une aile de l’hôpital de Val de Grace. Adrien sera dans la chambre des officiers, dans une pièce sans miroirs où les blessés essayeront de reconstruire leurs vies et leur estime de soi. Comment peut Adrien retrouver une dignité après être dépourvu de son visage d’ange ? Est-ce que sa petite copine Clémence pourra encore l’aimer ?
Dans cette grande salle sans glace, chacun devient le miroir des autres :
C’est un sujet émouvant dont l’origine se trouve dans la propre famille de Marc Dugain, Le grand-père de l’écrivain travaillait à la maison des Gueules cassées de Moussy-le-Vieux ; qui accueillait les soldats blessés au visage dans la première guerre mondiale. Cet endroit spécial fascina le jeune Marc et deviendra le germe de son premier roman. Écrit par Dugain à 40 ans, son début dans la littérature est une œuvre bouleversante, une pure merveille, un livre que je recommanderais lire dans les lycées de tout le pays. Il rassemble un apprentissage de l’histoire, un sujet très humain, une réflexion sur des concepts morales et éthiques complexes, avec une grande qualité littéraire.
Dans la chambre des officiers, Adrien rencontrera toute une série des personnages qui vivent de façon différente une situation similaire à la sienne. Le capitaine Penanster, l’aviateur Veil, infirmière Margarite, tout autant des approches différentes pour récupérer la dignité et l’estime de soi. Le long de plusieurs opérations chirurgicales, Adrien devra apprendre à vivre sa nouvelle vie, combattre l’aigreur, la rancœur, les envies suicidaires, faire face à ses démons et à l’ennemi intérieur. Le roman trace la vie d’Adrien et ses nouveaux amis trouvés dans la chambre des officiers jusqu’à l’aube de la deuxième guerre mondiale, en tissant des liens entre l’avant et l’après la blessure.
Une réflexion époustouflante de finesse et sensibilité, sur ce qui est l’identité, le deuil de l’avant, et le travail de reconstruction des êtres humains. Récit dramatique, épuré et subtil, jamais dans le pathos, il n’est pas exempt d’un sens de l’humour intelligent et touchant. Un grand roman sur l’humain, probablement le meilleur de ce merveilleux écrivain.
Il existe une très belle adaptation au cinéma faite par François Dupeyron en 2001, avec Éric Caravaca, André Dussollier et Sabine Azéma dans les rôles principaux. Le film a su transposer au langage cinématographique la sensibilité et la finesse du livre.
Citation :
« Les gens défigurés ont ceci de particulier qu’on les remarque, qu’on ne voit qu’eux, et que, dans le même temps, on ne les voit pas. »
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