Littérature des 5 continents : EuropePortugal

La couverture du soldat

Lidia Jorge

(O Vale da PaixãoO Vale da Paixão, 1998)
Traduction : Geneviève Leibrich.   Langue d’origine : Portugais
⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Francisco Dias est le patriarche et chef de l’exploitation de la famille Dias, Valmares. La plupart de ses enfants sont partis, il reste seulement son fils Custodio pour s’occuper de la propriété. Emma, fille de Custodio et Maria Ema, découvre que son oncle Walter est en réalité son père. Mais elle n’en sait rien de cet être toujours absent, toujours dénigré par son grand-père, qui envoie ses dessins des oiseaux des quatre coins du monde, et qu’il était brièvement revenu un jour de pluie pour repartir aussitôt. Un jour par la poste, elle recevra la couverture du soldat de cet oncle/père, la couverture sur laquelle elle a probablement était conçue…

Portrait du père absent :

‘La couverture du Soldat’ est l’histoire de la reconstruction de l’image d’un père absent. Le portrait sera parfois fascinant, parfois confus, parfois décevant, parfois irrésistible. La fille illégitime de Walter Dias essaie de composer avec toutes ces sensations contradictoires et le peu d’éléments dont elle dispose : Un revolver, les dessins des oiseux envoyés de partout dans le monde, et finalement sa couverture de soldat. Narré par la plupart à la troisième personne mais parfois à la première personne, entre la fascination et la déception, le portrait du géniteur prend forme petit à petit le long du récit.

C’est écrit avec un style complexe, marqué par une surenchère d’adjectifs et des métaphores qui décrivent les situations et l’action du roman. Il y a très peu d’intrigue. Les faits se limitent à quelque part avant que Walter parte de la maison, son départ, son retour un jour de pluie, puis ses derniers vagabondages. Sautant systématiquement en avant et en arrière, Lydia Jorge revient inlassablement à ces points clés du récit, qui chaque fois seront décortiqués avec une approche complémentaire ou un nouveau point de vue. Sur le papier cela a l’air fascinant, mais en réalité cette redondance narrative peut devenir un peu indigeste et par moments le roman a l’air un peu lourd et prétentieux. On anticipe tellement la possible suite des évènements, que à un moment donné on a envie que l’autrice en finisse avec autant de teasing et aille jusqu’au bout de la séquence.

Quand même vers le milieu du récit, sans spoiler, la narration semble se poser et avancer de façon un peu plus soutenue. Les personnages prennent finalement forme et les allers-retours dans le temps se calment. Le style restera à mon sens trop recherché, et le ton un peu prétentieux mais quand même la deuxième partie du récit se lit plus facilement. C’est déjà ça.

Belle écriture mais la forme littéraire devient trop importante par rapport au contenu, sans doute intéressant, mais thématiquement pas assez développé pour justifier une telle surenchère narrative. Bon mais un peu épais et long, et un peu boring aussi.


Citation :

« La seule chose qu’elle aurait pu dire c’était que tout ce qui se rapportait à lui était bon, que tout ce qu’elle avait amassé de bon ne pouvait se raconter en cette nuit si brève, que cela ne tiendrait pas dans des mots pendant cette heure protégée par la main puissante de la pluie. Il était inutile de commencer. »

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