(Ensaio sobre a lucidez, 2004)
Traduction : Geneviève Leibrich. Langue d’origine : Portugais
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
La capitale du pays a un réveil difficile le lendemain des élections. Le 83% des bulletins de vote sont des votes blancs. Le gouvernement, loin d’analyser la situation, va la traiter comme une épidémie et essayer d’enrayer la dynamique de voter en blanc. Il s’ensuit l’état de siège dans la ville.
Absurde contre lucide :
Une sorte de suite de ‘L’aveuglement’, mais qui peut se lire indépendamment. On est quatre années après que l’épidémie de cécité ait mis la ville en anarchie. Quelques personnages (dont le personnage de la femme du docteur) sont dans les deux romans. On est dans le même climat d’analyse sociétale.
Le vote en blanc n’est jamais analysé par les personnages en charge de gérer la crise. Personne ne se soucie de savoir pourquoi ça arrive. Dans le livre c’est décrit comme un hasard fortuit, mais les personnes au gouvernement ne cherchent pas une explication ailleurs. Ils chantent à la conspiration et ils attaquent la nouvelle tendance par tous les moyens (Armée déployée, espionnage généralisé, était de siège, montée de l’autoritarisme, perte des droits fondamentaux). L’objectif est d’éviter que le vote en blanc se répande en dehors de la ville, et, en dernier instance, forcer à la population à ‘voter correctement’, pour ainsi continuer le status quo.
C’est bien évidement un réquisitoire contre le déni de démocratie qu’il est présent dans toutes nos démocraties occidentales en majeur ou mineur degré. Comme dans ‘L’aveuglement’, où on se demandait si on était aveuglés avant l’aveuglement, dans ‘La lucidité’ on se demande si on est dans une démocratie pas vraiment démocratique. Finalement le parti pris est clair, le vote blanc semble une action lucide et réfléchie, en opposition à l’action absurde du gouvernement pour en finir avec l’épidémie.
Des phrases parfois trop longues, sans justification apparente, et certaines redondances et creux, me font placer ce roman un peu au-dessous de ‘Ensaio sobre a Cegueira’.
Citation :
« Voter blanc est un droit imprescriptible, personne ne le niera, mais de même que nous interdisons aux enfants de jouer avec le feu, de même nous avertissons les peuples que jouer avec la dynamite est contraire à leur sécurité. »
0 Comments