(La luna e i falò, 1950)
Traduction : Michel Arnaud. Langue d’origine : Italien
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Le narrateur est un ancien pupille de l’état placé dans une famille très pauvre de paysans dans la région du Piémont italien, qui est parti à Gênes chercher une meilleure fortune et finit pour échapper la guerre et s’installer aux États-Unis. Celui que jadis on surnommait Anguille revient, vingt ans après son départ, dans le village de son enfance aux collines des Langhes.
Notre protagoniste retrouve Nuto, un ami partisan de l’époque, et s’éprend d’affection par Cinto, l’enfant boiteux qui travaille à la ferme où il habitait jadis. Accompagné de l’un ou de l’autre, il parcourt le village, plongeant dans ses souvenirs. Mais ce retour aux sources s’avère amer et décevant, car tout a tellement changé que le lieu est méconnaissable. Après la guerre qui a dévasté la région, beaucoup des personnes qu’il avait connu ne sont plus là, et ceux qui ont resté semblent très loin de son esprit. Notre narrateur devient un étranger dans son propre pays.
Réflexion mélancolique sur la quête de l’identité :
Dernier livre écrit par Pavese, publié à peine quelques mois avant son suicide, ‘La lune et les feux’ est le testament littéraire de l’auteur italien. Ce retour aux sources de notre protagoniste est probablement un reflet mélancolique de cette nostalgie qui envahit Pavese dans cette dernière partie de sa vie. Le livre passe en revue toute la jeunesse du narrateur, son adoption par des paysans qui ne lui ont pas donné vraiment d’amour, la mort de son père adoptif, son emploi à la ferme de Nora ou il se lié d’amitié avec les jeunes filles de la maisonnée, son étape antifasciste à Gênes, sa fuite du service militaire vers les États-Unis, et ses premiers émois amoureux lors de son périple américain.
Narré par l’orphelin quarantenaire Anguille à la première personne, le livre alterne le récit actuel de son retour au village avec les souvenirs épars de sa jeunesse et de son exil. C’est un complexe voyage intérieur, une quête de l’identité perdue qui lui permettrait de trouver du sens à sa vie. Sauf qu’Anguille n’éprouve pas ce sentiment d’appartenance qui attendait de ce retour et il pense plutôt à convaincre le petit garçon Cinto de quitter le plus vite possible la région, pour pouvoir voler de ses propres ailes.
J’avais tellement envie d’aimer ce livre, car je suis souvent fasciné par ces histoires de personnages qui reviennent aux lieux de son passé pour replonger dans ses souvenirs et qui souvent sont teintes d’une mélancolie irrésistible (‘Les Cerfs-volants de Kaboul’ de Khaled Hosseini, ‘Le jardin des brumes du soir’ de Tan Twan Eng, ou ‘By the sea’ de John Banville par exemple), et le livre m’avait été chaudement recommandé. La nostalgie est là, et c’est sans doute un livre émouvant et bien écrit, mais je n’ai pas réussi à trouver le récit vraiment touchant malgré les enjeux qui le relient au destin funeste de son auteur. J’ai trouvé que les personnages n’étaient pas assez approfondis, l’époque antifasciste du narrateur à Gênes restait trop vague, et le récit était un peu redondant et plein de petites longueurs. Du coup, malgré ses évidentes qualités, ‘La lune est les feux’ est un court livre qui peut se faire un peu long. À vous d’essayer.
Citation :
« Il ne faudrait ni vieillir ni connaître le monde. »
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