(Die Marquise von O…, 1808)
Traduction : M.-L. Laureau. Langue d’origine : Allemand
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Italie, lors du siège de la citadelle par de troupes russes, la marquise d’O est harcelée par des soldats envahisseurs qui veulent la violer. Un compte russe va la sauver, seulement pour profiter d’elle pendant qu’elle a perdu connaissance. La marquise tombe enceinte et, sans comprendre comment ça a pu arriver, elle va chercher le père de l’enfant pour rétablir son honneur.
Le viol est une anecdote :
OK, on sait que cette nouvelle a été écrite il y a 200 ans et que son auteur a vécu des grandes passions et fini en suicide à 34 ans, mais… Quand même ! L’intrigue de ce roman est gênante à plusieurs niveaux : Un officier russe sauve une dame d’être violée, elle tombe évanouie, puis lui il profite d’elle et la viole, elle se réveille fascinée par son agresseur, lui il regrette déjà et tombe amoureux d’elle, elle est bien sûr enceinte, mais elle ne sait pas qui est le père ni comment la conception s’est produite, lui il demande sa main en mariage, son père la met à la porte… Il n’y a pas 2 ou 3 ou 4 choses qui clochent là ?
Tout part d’un problème clé, c’est que le viol ne fait pas partie des ressorts dramatiques de l’intrigue, sinon qu’il est simplement un évènement forcé, un rebondissement isolé, un plot point pour faire avancer l’histoire. Cette ruse un peu facile va entrainer toute l’intrigue et les passions qui suivent. Mais aucune réflexion sur la faute n’est faite, le viol est simplement une anecdote dans le grand schème de cette histoire d’amour. Je peux concevoir le pardon après un viol, même l’amour, mais un écrivain qui choisit volontairement de ne pas développer un tel sujet… cela passe un peu moins. Même pour 1808.
De plus, on dirait que pour le lecteur l’identité du violeur est aussi un secret comme l’est pour la marquise. Hello !, Malgré la sage ellipse pendant le viol, c’est pas un spoiler car c’est flagrant dès le départ. Le compte, qui visiblement regrette sa faute presque immédiatement après l’avoir commise, souhaite faire des aveux complets, mais n’arrive jamais à le faire car à chaque fois, elle ne lui laisse pas parler. Trop convenu. Et pour finir, elle le voit comme un chevalier blanc et du coup l’image ne colle pas avec celle de son violeur, qu’elle a imaginé plutôt comme un démon, brute et sans culture.
Avec ces piètres ficelles et tout, la novella est agréable à lire, le sujet central des remords est bien traité, les personnages sont marqués et le style est élégant. Mais bon…
Citation :
« Eh bien alors, chère enfant, pourquoi te tourmenter ? Si ta conscience est pure, comment peux-tu t’inquiéter du jugement d’autrui ? »
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