(Die Verwandlung, 1912)
Traduction : Alexandre Vialatte. Langue d’origine : Allemand
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Gregor Samsa, un représentant de commerce qui subvient au besoin de toute sa famille, se réveille métamorphosé en un insecte géant et monstrueux. Gregor va s’inquiéter que cela lui fasse arriver en retard au travail, et sa famille, après la surprise initiale, va essayer de cacher cette nouvelle réalité à leur entourage.
Le parasite n’est pas celui qu’on croit :
À travers la métaphore de cette métamorphose absurde, Kafka nous propose une critique de la société avec plein d’interprétations possibles, et je doute fort qu’il y ait une seule qui soit correcte. La dépendance économique, la famille, la solitude, les discriminations, les différences sociales et la mort, seraient les thèmes principaux. Aussi on a voulu lire un côté autobiographique et un règlement de comptes entre Franz Kafka et son père, marqué par l’attitude méprisante du père de Gregor face à la transformation de ce dernier et le conflit permanent entre père et fils.
Si bien Gregor devient physiquement changé (transformation décrite dans les premières pages du roman), lui il reste le même, lucide et responsable, tandis que sa famille va évoluer et montrer tout un autre visage face à la situation. La métamorphose du titre est, bien sûr, celle de son entourage. Le récit se structure suivant ces transformations que s’opèrent dans la famille Samsa.
Selon l’analyse de Vladimir Nabokov, la famille de Gregor Samsa seraient « des philistins flaubertiens, des gens de goûts vulgaires et qui ne s’intéressent qu’au côté matériel de la vie ». « La famille Samsa autour de l’insecte fantastique n’est rien d’autre que la médiocrité entourant le génie ». « Les familiers de Gregor sont ses parasites, qui l’exploitant, le grignotent de l’intérieur. Ils sont en quelque sorte les sarcoptes du scarabée ».
Huis-clos claustrophobique lent et redondant, mais brillant et profond ; narré avec simplicité et finesse. Probablement plus près du côté onirique que du côté réel, ce cauchemar étrange est un petit roman unique en son genre, même si je trouve quelques points de contact avec ‘La Mort d’Ivan Ilitch’ de Tolstoï, notamment ce déclin dans l’appréciation et l’estime de la famille du personnage principal, à mesure que la maladie ou la dégénération avance.
Citation :
« Lorsque Gregor Samsa s’éveilla un matin, au sortir de rêves agités, il se trouva dans son lit métamorphosé en un monstrueux insecte. Il reposait sur son dos qui était dur comme une cuirasse, et, en soulevant un peu la tête, il apercevait son ventre bombé, brun, divisé par des arceaux rigides, au sommet duquel la couverture du lit, sur le point de dégringoler tout à fait, ne se maintenait que d’extrême justesse. D’impuissance, ses nombreuses pattes, d’une minceur pitoyable par rapport au volume du reste, papillonnèrent devant ses yeux. « Qu’est-il advenu de moi ? » pensa-t-il. Ce n’était pas un rêve. Sa chambre, une vraie chambre humaine quoiqu’un peu trop petite, était là, paisible entre les quatre murs familiers. »
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