Littérature des 5 continents : DanemarkEurope

La petite sirène

Hans Christian Andersen

(Den Lille Havfrue, 1837)
Traduction : André Gabastou. Langue d’origine : Danois
⭐⭐

Ce que raconte cette nouvelle :

La petite sirène est le sixième enfant du roi de la mer. Comme ses cinq sœurs, le jour de ses quinze ans la jeune sirène a le droit de nager jusqu’à la surface de l’eau pour contempler le monde extérieur. Près de la côte, elle est témoin d’un naufrage : Le navire du prince sombre dans l’eau. La petite sirène sauve le prince, le laisse dans la côte près de son château et rentre chez elle. Mais la petite sirène est tombée amoureuse de lui et revient le voir tous les jours. Elle rêve d’avoir des jambes que lui permettraient de rejoindre le prince et décide de se faire aider par la sorcière de la mer, une femme sombre et méchante.

Amour impossible :

Rien à voir avec la princesse de Disney, même si les ficelles narratives sont semblables, ni à aucune des versions édulcorées pour enfants (Livres, BDs ou films) qui ont vu le jour depuis les presque 200 ans du conte. ‘La petite sirène’ d’Andersen est un conte assez sombre : Attirés par le chant des sirènes, les navires coulent mais seulement les cadavres des hommes rejoignent le royaume sous la mer. Sa langue est coupée sans trop des atermoiements. Puis la pauvre sirène transformée en humaine subit des douleurs lancinantes chaque fois qu’elle fait un pas. Et, sans spoiler, ici il n’y a rien du ‘Happy ending’ disneyien.

C’est une belle histoire chargée d’émotion, qui progresse d’une façon linéaire, sans trop de complications stylistiques, et que malgré son dramatisme, reste très simple et naïve. Le sujet principal du livre est celui de l’amour impossible. Cette fois l’empêchement vient de la propre nature de la personne concernée, et les sacrifices qu’on doit traverser pour atteindre le bonheur rêvé.

De là à que cet amour impossible soit interprété comme la conséquence de l’homosexualité refoulée de son auteur il n’y a qu’un pas, même si cela peut sembler un peu tiré par les cheveux, car après tout, à cette époque les contes de princesses et amour impossibles étaient plutôt à la mode. Mais c’est vrai que Andersen avait des attirances par les hommes. Selon certaines études, il semblerait qu’il aurait renoncé aux relations sexuelles. Dans tous les cas, lui-même avoua son amour au jeune Edvard Collin dans une lettre : « Mes sentiments pour toi son ceux d’une femme. La féminité de ma nature et notre amitié doit rester dans le mystère ». Certains auteurs relient cette envie de la petite sirène de devenir humaine avec des jambes, comme le reflet du désir intime d’Andersen de se positionner en femme pour séduire l’homme aimé. Possible, oui, mais…

Un des premiers et plus connus contes parmi les 150 et plus écrits par Andersen, ‘La petite sirène’ peut se lire en français sur wiki source de façon gratuite, comme beaucoup d’autres contes de l’auteur, ici.


Citation :

« Dès lors, la petite sirène revint souvent à cet endroit, la nuit comme le jour ; elle s’approchait de la côte, et osait même s’asseoir sous le grand balcon de marbre qui projetait son ombre bien avant sur les eaux. De là, elle voyait au clair de la lune le jeune prince, qui se croyait seul. »

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