Littérature des 5 continents : EuropeGrèce

La Plante

Vassílis Vassilikós

(το φyηηo, 1968)
Traduction : Pierre Comberousse. Langue d’origine : Grec
⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Fraichement installé dans sa nouvelle chambre, un jeune étudiant trouve le besoin d’égayer l’espace, assez morne et étriqué. Il s’en souvient d’une plante qu’il avait aperçu plus tôt, portée par une jeune femme dont il n’avait jamais réussi à voir le visage. Il décide de voler la plante. Une fois installée dans son nouvel environnement la plante semble se porter très bien et grandit généreusement. Face à la jalousie de sa mère et l’incompréhension de son entourage, le jeune étudiant s’isole de plus en plus dans sa chambre, trouvant du sens à la vie seulement en compagnie de sa plante, tandis que celle-ci commence à projeter des racines et se répandre, colonisant petit à petit l’espace.

Kafka végétal :

Ce très beau mais inquiétant roman semblerait une sorte de version végétale de ‘La métamorphose’ de Franz Kafka. Doté d’une portée métaphorique marquée, il peut s’avérer cependant trop opaque pour un lecteur lambda, car, à différence de la novella de Kafka, la symbologie dans ‘La plante’ est assez insaisissable. Plus absurde que ‘La métamorphose’ peut-être, moins réfléchie et plus viscérale, cette narration peut laisser penser que l’écrivain n’a pas une idée claire de ce qu’il veut raconter, autre la dimension surréaliste de la situation elle-même.

Presque une histoire d’amour entre un homme et une plante, ce court roman risque donc de dérouter complètement ses lecteurs aussi par son déroulement bizarre et sombre, digne d’un roman d’épouvante style Edgar Allan Poe. Mais au même temps, comme c’était mon cas, les lecteurs peuvent tomber sur le charme de cet étrange univers, même sans l’appréhender totalement. Car ce monde végétal dans lequel notre protagoniste va sombrer volontiers est presque une autre dimension de notre univers, qui permettrait à notre protagoniste d’échapper au chemin tracé, à une vie urbaine marquée par les contraintes et les responsabilités, pour poursuivre une vie libérée de tout sentiment de culpabilité, en communion avec la nature. Serait ‘La plante’ un roman écologique ? Pas sûr. Si vous avez d’autres interprétations faites-moi signe.

Le début est laborieux et prend quelques pages à démarrer, mais un fois la plante est sur place, la lecture se fait facile et cela se lit sans problèmes en un petit après-midi. Perché, mais très intéressant. Et unique.


Citation :

« Le silence de sa plante le fatiguait, son immobilité l’engourdissait, la pensée qu’ils ne pouvaient pas communiquer lui était un cauchemar. Il avait le courage d’admettre qu’il ne connaissait pas sa plante. »

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