(1996)
Langue d’origine : Français
⭐⭐
Ce que raconte ce roman autobiographique :
C’est une longue lettre écrite par Christian Bobin à sa compagne Ghislaine Marion, disparue en août 1995 à quarante-quatre ans. Face à la mort de cette femme qui dégageait la joie de vivre, Bobin rend un poignant hommage à la vie.
Lettre d’amour à l’amie décédée :
En 1979 Christian Bobin rencontre Ghislaine Marion, une femme mariée avec 3 enfants, qui marquera sa vie et lui inspirera certains de ces livres clés, comme ‘La part manquante’ (1979) ou ‘Une petite robe de fête’ (1991). Puisant souvent dans des sources autobiographiques, dans ‘La plus qui vive’, l’écrivain rédige une lettre d’amour intime mais pudique, adressée une femme décédée dont le souvenir reste bien vivant. Les croyances profondément chrétiennes de l’auteur transpirent dans ce récit comme dans la plupart de son œuvre, sans pour autant devenir agaçantes pour le lecteur qui ne partagera pas la même foi. Malgré la langage recherché et soutenu, certaines critiques semblent interpréter la pudeur et la sensibilité du récit comme des lieux communs, ou de la mièvrerie. À mon sens, sans proposer rien de particulièrement original, ce texte dégage une beauté toute simple et épurée. Oscillant entre la mort et la vie comme deux faces indissociables du même tout, la prose poétique de Bobin s’attarde dans des petits souvenirs du quotidien de cette femme pleine de joie avec qui il partagea seize années de vie commune, pour célébrer la vie tout en parlant de la mort. Ciselé par un français irrésistible, et dépourvu de toute sorte d’intrigue ou artifice, ‘La plus que vive’ reste un touchant roman-témoignage rempli de sincérité.
Citation :
« Belle, oui, belle de cette beauté que donne à un visage de femme le grand air de la liberté, belle, gaie, douce, attentive, distraite, insouciante, fatiguée, légère, insupportable, adorable, désordonnée, riante, désespérée, chantante, songeuse, désordonnée encore et lente, très lente et libre et belle comme la vie : il me reste à faire entrer dans cette beauté vivante la lumière noire de ta mort comme un détail en plus, un comble de désordre et de grâce, oui, de grâce. »
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