(De verborgen bron, 1950)
Traduction : Anne-Marie de Both-Diez. . Langue d’origine : Néerlandais
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Pendant un congé par maladie, Jurgen se propose de vider la maison de la famille de sa femme Rina pour la remettre en vente. La maison est presque à l’abandon, habitée par la poussière et les fantômes du passé. Enlève par ses grands-parents paternels suite à la mort de ses parents, Rina n’a jamais vécu dans la maison. Lors que Jurgen commence à trier les lettres et les papiers il découvre la figure d’Eline Breskel, sa belle-mère. Une femme complexe à tempérament insatisfait, disparue dans des conditions mystérieuses.
Le Dr Meinderts, un ancien prétendant d’Eline, rode la maison en quête des douloureux souvenirs de cette amour de jeunesse qui lui brisa le cœur. Meinderts rencontre Jurgen et ensemble décortiquent ce qu’ils connaissent du passé de la mère de Rina. Petit à petit, Jurgen commence à s’obséder avec l’énigme d’Eline Breskel, figure dans lequel il se voit reflété comme dans un miroir.
Ta mère était comme moi :
Récit psychologique à l’atmosphère envoutante, rempli d’un lyrisme évocateur, dans un style jusqu’à un certain point proche des plus romantiques œuvres de Edgar Allan Poe. Le mystère de Eline Breskel, s’incarne dans cette maison qui tombe en décrépitude et dans cette végétation luxuriante qui cache les traces du passé. Narré à la première personne par Jurgen, à travers des lettres écrites à sa femme qui n’enverra jamais, ‘La source caché’ est un des premiers romans de Haasse. On peut y trouver certains des sujets de prédilection de l’écrivaine néerlandaise, comme la solitude, la froideur des relations familiales, le déracinement ou et la sensation de ne pas être à sa place.
Car, à travers de la découverte du mystère d’Eline Breskel, le tourmenté Jurgen trace un parallélisme entre sa soif d’émotions et de liberté, et l’âme tempétueuse de la mère de sa femme. Rina n’a visiblement aucun souvenir de sa mère et préfère ne rien connaitre, elle a fait le deuil de ses souvenirs. Tout l’envers de Jurgen, qui plonge résolument dans le passé, fasciné par ce personnage avec lequel il s’identifie complétement.
Ce n’est pas le seul différend entre les époux, entre eux tout semble contrasté. Leur mariage traverse un moment complexe, dominé par la non communication. Jurgen est spontanée, rêveur, émotionnel et il a des envies de prendre le large et de vivre intensément, sans les contraintes imposées par leurs quotidiens. Par contre, sa femme, la froide et rigide Rina, n’exprime jamais des émotions, et se renferme dans un univers protégé et inchangé, régi par des règles prédictibles et immuables. Entre le chaud et le froid, le livre se centre sur la figure de Jurgen, et l’avis de Rina est systématiquement tamisé par ce narrateur pas complétement fiable. Pourra Jurgen trouver une sorte d’équilibre avec Rina ? Ou devra-t-il s’éclipser comme Eline Breskel le fit jadis ?
Avec un style poétique et évocateur, et un fort ton d’introspection psychologique, ce court roman nous montre le désarroi d’un homme en quête de sa place dans le monde, qui part à la rencontre d’une âme similaire, dans un autre temps et un autre espace.
Citation :
« Là, le temps semble s’être arrêté ; ce que nous sommes convenus d’appeler “le monde” n’a aucun sens. La senteur des roses est perceptible jusqu’au cœur de la forêt. Le silence, qui parfois prend possession de la maison et du jardin, cette absence soudaine de bruit et de mouvement, contient un élément d’attente tendue, de passion que je ne peux expliquer. »
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