Littérature des 5 continents : EspagneEurope

L’arbre de la science

Pío Baroja

(El arbol de la ciencia, 1911)
Traduction : Georges Pillement.   . Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Madrid, fin du XIXe siècle. Andrés Hurtado fait des études de médicine avec l’intention de devenir un homme indépendant et droit. Ses premières expériences du travail de médicine vont le décevoir, car son caractère pessimiste et sa vision de la médiocrité de la société espagnole qui l’entoure, lui empêchent de s’adapter pleinement.

Histoire d’un médecin déprimé :

C’est un très beau livre, avec des personnages intéressants et un déroulement assez émotif, dans lequel on suivra le personnage principal, autant dans sa carrière de médecin, comme dans l’évolution intérieure de sa façon de penser et sa philosophie. Au passage, on fait un état des lieux de toute la société espagnole de l’époque, avec toute ses maux, sa médiocrité et ses limitations, mais sans oublier un certain humour et tendresse pour le quotidien des gens simples. Immiscés dans ce tableau des mœurs de la société espagnole, il y a quelques réflexions philosophiques, pas forcément compliquées à lire, qui ne nuisent pas le rythme du récit (qui est assez soutenu), et qui sont très typiques de la génération du 98 de la littérature espagnole, dont Baroja est un des membres fondateurs.

‘L’arbre de la science’ est un de livres le plus importants de la génération du 98, celle qui est née de la désillusion après la perte de Cuba en 1898, dernière colonie espagnole. Avec un œil très critique sur la société espagnole de l’époque, ces intellectuels, avaient l’ambition de mener l’Espagne vers le futur grâce à l’éducation du peuple. Côté littéraire, l’écriture tentait de dépasser le réalisme, pour arriver à un travail psychologique plus poussé. D’autres écrivains de la Génération du 98 sont Antonio Machado, Unamuno et Ramón del Valle-Inclán.

Selon Baroja lui-même, celui-là était son meilleur livre, ou du moins le plus travaillé. Il est sans doute le plus autobiographique : Probablement ce médecin blasé, qui adore réfléchir sur le sens de la vie, est un alter-ego du propre Baroja, qui finit ses études de médecine en 1891, il réussit sa thèse sur la douleur et exerça le métier avant d’arrêter après quelques années de déceptions, pour se dédier intégralement à l’écriture. Comme Andrés, Baroja trouvait la vie de médecin monotone et sans lumière.

Il y a, à mon sens, un peu trop de personnages et évènements anecdotiques dans les premières 100 pages du livre. Cela ne devrait pas décourager les lecteurs, car une fois que l’inadapté Andrés commence à exercer la médecine, le roman devient plus intéressant littérairement. On trouvera dans le parcours de ce médecin pessimiste et sombre, désespéré du manque de lucidité de la société qui l’entoure, un roman original et atypique.


Citation :

« Je crois aujourd’hui que tout ce qui est naturel, tout ce qui est spontanée, est mauvais ; Seulement ce qui est artificiel, ce qui est créé par l’homme, est bon. Si je pouvais j’habiterais dans un club à Londres, je n’irai jamais dans la campagne, seulement au parc ; je boirais de l’eau filtrée, et je respirerais de l’air stérilisé. »

0 Comments

Submit a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *