(Laura a la ciutat dels Sants, 1931)
Traduction : Pascale Bardoulaud. Langue d’origine : Catalan
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Laura, jeune barcelonaise aux habitudes citadines, se marie avec un riche homme de provinces et les deux s’installent dans la maison de famille à Comarquinal, petite ville aux mœurs traditionnelles. La vie à la campagne et les réalités de ce mariage vont devenir pesantes pour Laura, qui ne va tarder à chercher une échappatoire.
Madame Bovary à la sauce catalane :
Effectivement ce roman retrace l’ambiance du roman du Flaubert en touchant les mêmes points critiques : l’introspection psychologique sur la déception d’après mariage, et le scandale provoqué dans le milieu traditionaliste et provincial qui entoure la femme.
Dans ‘Laura’, le village de Comarquinal (Un reflet de Vic, chef-lieu de province aux traditions catholiques marquées) devient un personnage à part entière. Comarquinal va étouffer notre protagoniste, la suivre des yeux où elle va, la harceler, la détruire à petit feu. La haine de l’étranger, le dégout des libertés, et la peur ancestrale de la sexualité, font de la dévote Comarquinal une ville à l’atmosphère terriblement hostile.
Le mari, finalement dévoilé comme un rustre campagnard sans aucun charme aux yeux de Laura, va devenir insupportable d’ennui, comme dans le roman de Flaubert. Cependant c’est Teresa, la belle-sœur, célibataire endurcie et secrètement jalouse de Laura, qui va devenir l’antagoniste de l’histoire. Un personnage inquiétant, presque comme Mrs Danvers dans ‘Rebecca’, mais imbue d’un catholicisme fanatique.
Critique acerbe des mœurs arriérés de la société hypocrite des provinces, et son rapport odieux avec tout ce qui est la liberté de l’individu. Ce débat entre le traditionalisme de la campagne et les vents de modernité qui soufflaient à l’époque dans la ville de Barcelone, va être tranché quelques années après par la guerre civile et la dictature qui s’en suivi. Un classique de la littérature catalane que j’avais lu avec ennui au lycée, et puis j’ai relu (la même édition !) plus de 30 ans après, mais avec plaisir cette fois.
Citation :
« Rien qu’un petit bonheur ! Une pincée de votre sérénité ! Mon Dieu ! afin de ne pas mourir d’étouffement, de se libérer de la réclusion de ces murs médiocres qui emprisonnent. Mon Dieu ! un petit bonheur de rien du tout !… »
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