(Ensaio sobre a cegueira, 1995)
Traduction : Geneviève Leibrich. Langue d’origine : Portugais
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Un homme est au volant, d’un coup et sans raison apparente, il perd la vue. Très vite, c’est une épidémie de cécité qui se déclare. Le gouvernement essaie de cantonner la maladie et trouver une cure, mais l’épidémie explose toutes les barrières jusqu’à que tout le pays devient aveugle.
Retour à l’homme primitif :
La société, après quelques jours de cécité, cesse de fonctionner correctement, la violence s’installe et les hiérarchies sont renversés. On retourne à un état primitif, la loi de plus fort. Tout est crasseux, bestial, immonde et misérable. Viol, assassinat, anarchie. Plus de loi, plus de limites. Est-ce que l’être humain a toujours eu cette bête dedans ?
Dans cette dystopie détonante, il y a peu d’action, mais beaucoup d’atmosphère et d’introspection sociologique sur la vraie nature de l’être humain. Le plus ahurissant dans ce livre est le côté quotidien et hyperréaliste, tout est vraisemblable, il n’y a pas de la science-fiction telle qu’on peut connaître. On est dans la vrai vie d’aujourd’hui, avec des êtres humains comme vous et moi, mais qu’ils perdent d’un coup un des repères clés de notre société, la vue.
Parabole à charge et sans appel sur les côtés plus sombres de la nature humaine, le roman se lit aussi, bien évidemment, d’un point de vue métaphorique (Voir citation plus bas). L’aveuglement n’est peut-être pas celui qui apparaît physiquement dans le roman, mais sinon celui qu’on vit au quotidien, où on fait tout pour pas voir ce qui nous dérange. Et c’est cela qui nous laisse seuls et démunis, en proie à la facile manipulation.
Comme d’habitude chez le Nobel portugais, les personnages n’ont pas de nom et les phrases sont longues mais sans complications stylistiques. Magnifique et puissant roman, porté en toute simplicité par Saramago, ‘La cécité’ ne vous laissera pas indifférent.
Citation :
« Je pense que nous ne sommes pas devenus aveugles, je pense que nous étions aveugles, Des aveugles qui voient, Des aveugles qui, voyant, ne voient pas. »
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