(Vildanden, 1884)
Traduction : Régis Boyer. . Langue d’origine : Norvégien
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte cette pièce de théâtre :
Norvège, XIXe siècle. Gregers Werle, revient dans sa ville natale, après des années d‘étrangement avec son père, un puissant et riche entrepreneur. Gregers va renouer avec son ancien ami Hjalmar Ekdal, et finira pour louer une chambre chez eux. Dans la maison des Ekdal, le grenier a été transformé dans un espace naturel rempli de végétation sauvage, dans lequel des lapins et des poules courant dans tous les sens. Même un canard sauvage, qui a échappé de la mort, se récupère de ses blessures. Tandis que le vieux Ekdal chasse de lapins dans ce grenier, Hedwig, la fille d’Hjalmar, est très attachée au canard.
La maison des Ekdal est pleine de secrets qui sont reliés à la maison Werle, les Ekdal sont hantés par des fantômes du passé, mais personne n’ose en parler. Gregers, avec sa vocation bienséante, va essayer de réveiller les Ekdal et leur faire prendre conscience qu’assumer la vérité est le seul moyen pour aller de l’avant.
Parfois c’est mieux de laisser les squelettes dans le placard :
‘Le Canard sauvage’, une des pièces phare d’Ibsen, fait une réflexion profonde sur les non-dits et les mensonges qui restent cachés dans la famille et dont le dévoilement fait toujours peur. Le sujet est le choc entre les idéaux et le pragmatisme. Cela risque de scandaliser les partisans de « il faut toujours dire la vérité », car l’attitude de Gregers, motivée par son idéalisme, lui mènera à se mêler de la vie de la famille Ekdal, avec des conséquences imprévisibles.
Les Ekdal est une famille qui a composé avec les conséquences néfastes qui ont suivi leur interaction avec les Werle. Par obscures raisons, le vieux Werle continue à financer la famille Ekdal, et en particulier le vieux Ekdal, l’idole déchu, mais son fils Hjalmar n’arrive pas à accepter de bon gré cet argent. Je ne vais pas spoiler les secrets du passé qui lient ces deux familles, mais l’attitude de Gregers et son idée d’exposer la vérité en plein jour, pour permettre un nouveau départ sera justement le détonnant de l’intrigue.
Lors que les squelettes commencent à sortir du placard, personne ne réagit comme prévu, et cela permet à Ibsen de réfléchir sur les vertus de la sacrosainte vérité. La fausse façade qu’ils avaient créé leur permettait de continuer à vivre. Ce mensonge, ce monde imaginaire, symbolisé par ce grenier accommodé comme forêt sauvage, va petit à petit s’écrouler en miettes.
« Si vous retirez le mensonge de la vie de personnes ordinaires, vous leur retirez en même temps le bonheur ». Cette phrase du Docteur Relling est un peu la clé de la pièce. Lui est le seul personnage qui se bat contre l’idéalisme naïf de Greggers.
Dans cette pièce sombre et dramatique, le canard sauvage évoque symboliquement les Ekdal, prisonniers dans le huis-clos de la maison, touchés par des blessures qui n’arrivent pas à guérir. Merveilleuse pièce qui se lit d’un trait (Déjà lue deux fois, mais malheureusement jamais vue sur scène), porté par des quelques rebondissements intéressants et par un travail psychologique remarquable.
Citation :
« Quel courage il faut, à certains moments, pour choisir la vie ! »
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