(Der letzte Weynfeldt, 2008)
Traduction : Olivier Mannoni. Langue d’origine : Allemand
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
La vie rangée du richissime Adrian Weynfeldt, expert respecté dans le marché de l’art, va vaciller lors qu’il fait connaissance de Lorena, une mystérieuse femme plus jeune, qui secoue totalement son quotidien confortable et organisé. Klaus Baier, un ami d’Adrian proche de l’âge de la retraite, demande conseil à Adrian pour vendre un des tableaux de sa collection privée, ‘La salamandre’, une œuvre de Valloton à la beauté saisissante, qui a toujours été propriété de sa famille, et qui n’a jamais été mis au marché. Le prix de cette œuvre rare pourrait atteindre des chiffres astronomiques.
Roman noir sans crime :
Ce roman se lit avec facilité, porté par un style beau et épuré, un rythme lent mais soutenu, et une intrigue complexe et prenante qui touche presque tous les codes du polar, sauf l’assassinat. On retrouve les personnages à l’ambiguïté morale, la femme fatale, la corruption de l’argent, les rebondissements à tirelarigot. À la place du crime, au centre des enjeux du récit, on trouve la falsification d’un tableau connu. Le roman est placé donc dans le milieu des enchères de l’Art, un marché international qui fait circuler des quantités d’argent inimaginables, décrit ici avec classe, profondeur et tout luxe de détails.
Les personnages sont bien développés même si un peu schématiques, Adrian étant probablement le plus intéressant. Cet héritier d’une famille richissime est respecté par son entourage et rencontre un franc succès professionnel. Adrian est un homme particulier, timide et peu sociable, même s’il arrive à s’improviser une routine de quelques repas entre des groupes d’amis relativement invariables. Sans trop d’aventures amoureuses connues, mis à part le traumatisant souvenir d’une certaine Daphne, l’homme s’entoure de quelques assistants qui l’aident à maintenir une vie rangée, prévisible, presque millimétrée. Cet homme lucide mais quelque part coincé, qui n’a jamais fait un faux pas ni dans sa vie professionnelle ni dans sa vie privée, se verra trainé à son insu dans un double conflit. D’un côté la fracassante irruption de la rousse Lorena dans sa vie, et d’une autre la fascination irrésistible qui s’en dégage de la parfaite falsification.
Ces deux évènements vont faire trembler les fondations de cet homme intègre et incorruptible, mais peut-être secrètement désireux d’aventure. Ces deux tentations qui bouleversent Adrian se rejoignent dans une narration haletante qui ne cesse de se compliquer. Sans spoiler, vers la dernière partie du récit, l’intrigue prend presque toute la place et le roman devient un peu plus plot driven et plus prédictible, mais ce n’est pas bien grave.
Les rôles féminins ne sont pas trop développés exception faite de la fascinante et intrigante Lorena, femme fatale à l’allure imprévisible, qui, à elle seule, déclenche ou complique presque toute l’action du roman. Malgré un point de vue que, jusqu’à un certain point, on pourrait qualifier de trop masculin, cela reste une lecture agréable et facile, qui présente une vision détaillée et passionnante du complexe univers de l’Art.
Citation :
« (…) il croyait à la régularité comme à une vertu prolongeant l’existence. »
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