(Llyfr Glas Nebo, 2018)
Traduction : Lise Garond. . Langue d’origine : Gallois
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Rowena et son fils Dylan semblent être les seuls survivants d’un cataclysme nucléaire qui a décimé toute la population. Leur maison se trouve dans une contrée isolée du Nord du Pays de Galles, près de la ville de Nebo. Quand ‘La fin’ survint Dylan avait six années d’âge. Maintenant, huit années après, Dylan a appris à se débrouiller et travaille aussi dur que sa mère pour assurer la survie de la famille, contrainte de vivre sans confort, ni électricité, ni technologie. Ils habitent avec sa sœur Mona, lourdement handicapée, dont l’origine semble mystérieuse.
Rowena et Dylan, sombrant dans la non communication, trouvent un cahier bleu et décident d’écrire, chacun de son coté, une sorte de journal de bord. Tandis que Rowena se concentre sur les évènements passés reliés à la fin, Dylan décrit leur quotidien au moment présent.
Réapprendre la vie après une catastrophe :
À l’origine c’est plutôt un roman de littérature jeunesse, mais par sa structure, ses personnages et son pouvoir de suggestion, ‘Le livre bleu de Nebo’ devient une ouvre intéressante et profonde, qui dépasse les limitations classiques de ce genre d’ouvrage, souvent trop axés sur les explications techniques et l’action. Ici, les causes du cataclysme sont à peine évoquées et les personnages savent encore moins que le lecteur ce qui est arrivé ou pourquoi ils ont survécu. La narration préfère se centrer sur les deux personnages principaux, leur relation, leur quotidien, et le fragile écosystème familiale.
Avec peu de souvenirs d’avant la catastrophe, Dylan est quand même plus curieux et intéressé que sa mère par la reconstruction de leur mémoire collective. Il a réussi à trouver la stabilité dans sa nouvelle vie, et semble même s’épanouir du succès de ses cultures et de ces légumes qu’il a appris à faire pousser tout seul grâce aux vieux livres. Malgré que le jeune homme à grandit et regarde l’avenir avec assurance, il sera souvent en proie à des milliers de doutes, angoissé par tous les secrets, les non-dits et l’absence de réponses de sa mère. Rowena a dû s’endurcir et s’interdit toute nostalgie, essayant d’oublier autant le passé que sa propre langue, le gallois.
Le livre est narré dans un style direct, sans fioritures ni complexités lexicales, avec une portée relativement universelle, même s’il est saupoudré de multiples références à la culture, la littérature et la langue du pays de Galles. L’alternance de ce double journal de bord est sans doute l’atout majeur du roman et s’adapte parfaitement aux enjeux de l’incommunication naissante qui s’installe entre les deux personnages principaux. Chacun de son côté, avec ses propres mots, consignera dans le cahier bleu tout ce qui n’ose pas dire à l’autre, car ils se sont engagés à ne jamais lire ce que l’autre écrit. Les rapports entre Dylan et sa mère Rowena sont dominés par la peur de déstabiliser l’équilibre précaire dans lequel ils vivent.
C’est un livre court, triste et relativement simple qui se lit avec une facilité déconcertante. En plus d’être une étude très intéressante de la résilience et de la capacité de survie des êtres humains face à l’adversité, ‘Le livre bleu de Nebo’ décrypte de façon assez approfondie les causes et conséquences de la non communication entre les personnes. Belle réussite.
Citation :
« J’ai un arsenal de froideur en moi, prêt pour les questions auxquelles je ne répondrai jamais. »
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