(Il nome della rosa, 1980)
Traduction : Jean-Noël Schifano. Langue d’origine : Italien
⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Ligurie, 1327. Les tensions entre le pape Jean XXII et l’empereur Louis IV sont à son comble, lorsque le frère franciscain Guillaume de Baskerville se rend dans une Abbaye Bénédictine, à la demande de l’Abbé, pour enquêter sur la mort d’un des moines, apparemment un suicide. L’enquêteur sera accompagné de son jeune disciple Adso de Melk, qui fera aussi la fonction de narrateur. Lors des sept jours suivants d’autres évènements singuliers vont assombrir la vie calme de l’endroit.
Roman policier médiéval avec débat théologique en toile de fond :
Le roman se centre principalement sur l’intrigue policière qui va se compliquer davantage. La découverte des nouveaux crimes forcera notre enquêteur et ancien inquisiteur Guillaume de Baskerville (clin d’œil non dissimulé à Arthur Conan Doyle et son Sherlock Holmes), à redoubler les efforts pour démêler les mystères qui s’épaississent autour de l’affaire.
En arrière-plan, le conflit théologique entre Franciscains et le pape au sujet de la pauvreté de Jésus-Christ sera l’expression visible d’un conflit purement politique entre l’empereur et le pontificat, et dans lequel nos moines, notre enquêteur et son secrétaire-narrateur vont se trouver impliqués. On commence à comprendre que le crime n’est pas si facile à résoudre que cela, et lorsqu’un inquisiteur dominicain, Bernardo Gui, est envoyé par le pape pour aider à résoudre l’enquête, les choses vont vraiment se compliquer.
Ce merveilleux roman est doté d’une structure très solide, d’une désarmante simplicité, qui contraste avec la complexité de l’intrigue. Effectivement, chaque nouveau chapitre du livre s’ouvre sur un jour nouveau, en commençant par les prières du matin et finissant par l’appel des prières au soir. 7 chapitres donc, comme le nombre des jours pris pour la création du monde ou les 7 péchés capitaux. Chaque chapitre sera marqué par la découverte d’un nouvel évènement inattendu à élucider.
Le roman bénéficie aussi d’une intrigue à la précision mathématique, d’une atmosphère fascinante, sobre et étrange, des personnages bien différenciés et marqués, et d’une profonde réflexion sur des grands thèmes, comme le dilemme entre la science et la foi. Le décor labyrinthique de la bibliothèque interdite devient un personnage à part entière et appuie sur le côté plus mystérieux du roman. Le contraste de caractères entre l’enquêteur et son acolyte, apporte une dose d’humour très bienvenue parmi la noirceur générale, et rythme le récit.
Le succès en 1986 du film de Jean Jacques Annaud, avec Sean Connery, contribua largement à la popularité bien mérité du roman, malgré que le film se centre plus sur l’intrigue policière que sur le conflit théologique/politique. Une savante mélange d’humour, suspense et érudition, qui montre la vérité et le savoir en tant que porteurs de la lumière qui permet de lutter contre l’obscurantisme.
Citation :
« La vie des simples, Abbon, n’est pas éclairée par la sapience et par le sens vigilant des distinctions qui fait de nous des sages. Et elle est obsédée par la maladie, par la pauvreté, rendue balbutiante par ignorance. Souvent pour maints d’entre eux, l’adhésion à un groupe hérétique n’est qu’un moyen comme un autre de crier son propre désespoir. »
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