( Les saints innocents , 1981)
Traduction : Rudy Chaulet. . Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Estrémadure, Espagne, années 60. Paco et Régula vivent avec ses quatre enfants dans une humble maison, au service des propriétaires du cortijo, les seigneurs. Cette pauvre famille de paysans obéit et travaille toute la journée sans jamais se plaindre, pour ne recevoir que des vexations et un salaire de misère. Azarías, le frère de Régula, rejoint la famille après se faire renvoyer d’un autre latifundio. Azarías es un homme innocent et simplet dont son handicap lui crée des difficultés sociales et d’expression. Sa seule passion est milana bonita, un petit oiseau qu’il élève comme si c’était son propre fils.
Chef d’œuvre du Tremendismo :
Un des romans majeurs de Delibes, ‘Les saints innocents’ approfondit dans ses sujets chers : Le contraste entre ville et campagne et l’opposition entre classes sociales. Ici, Delibes nous montre le côté intransigeant, sauvage et primitif de la vie rurale en Espagne. Cette œuvre de Delibes rejoint le courant du tremendismo, qui réfléchissait sur la violence en milieu rural. Il nous dépeint l’Espagne profonde sous son aspect le plus sombre, violent et impitoyable, où les bas instincts et la fatalité vont de la main.
La tension psychologique est omniprésente dans ce court roman. Elle oppose les seigneurs dans leur cortijo à ses serviteurs. Dans le latifundio on trouve ces deux univers opposés, ceux qui commandent et ceux qui obéissent. Les riches abuseurs et les miséreux soumis. Ces deux mondes s’évitent et ne se comprennent pas. Cette hiérarchisation brutale de la société provoque l’injustice et la déshumanisation des individus.
Ce roman profond et sensible, rempli de personnages inoubliables, est sublimé par un réalisme social décapant, et nous trace un portrait impitoyable de cette classe sociale aisé, les señoritos, souvent dépeints comme des êtres abjects qui n’hésitaient pas à traiter ses serviteurs comme des esclaves. En arrière-plan, le climat turbulent des années du franquisme en Espagne rajoute une tension supplémentaire au récit.
Le roman fut merveilleusement bien adapté au cinéma par Mario Camus la même année, avec Alfredo Landa, Paco Rabal, Juan Diego et Terele Pavez dans les rôles principaux.
Lors de sa longue et prolifique carrière, Miguel Delibes, écrivain espagnol de la génération de 36, reçut un nombre incalculable de prix, qui le consolident comme un des plus importants écrivains espagnols de tous les temps. Mais pour je ne sais pas quelle raison son œuvre est très peu connue en dehors de l’Espagne, au point que beaucoup de ses romans n’ont jamais été traduits en Français. Personnellement j’aurais aimé le voir en gagnant du prix Nobel pour pouvoir le voir prendre la place que lui correspond comme un des meilleurs écrivains de la littérature universelle du XXe siècle.
Citation :
« Nous mais quelles idées ces gens-là ! Ils s’obstinent à être traités comme des personnes et cela n’est pas possible »
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