(El tiempo entre costuras, 2009)
Traduction : Eduardo Jiménez. . Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Sira, une jeune et naïve femme madrilène, se laisse emporter par une passion amoureuse qui la mènera jusqu’à Tétouan. L’éclat de la guerre civil espagnole va bloquer les frontières entre l’Afrique et l’Europe à niveau du détroit, et seule dans la ville maroquine, Sira devrait apprendre à se débrouiller. Elle décide d’exploiter son meilleur talent, la couture, et montera un atelier qui devrait la mettre dans la voie de la réussite.
Mais la suite de la vie de Sira s’annonce mouvementée, car à peine finie la guerre civile espagnole, c’est le début de la guerre mondiale, et le franquisme qui triomphe en Espagne coexistera avec la montée du nazisme en Europe. La jeune fille se trouvera au milieu d’un imbroglio d’espionnage international de proportions inattendues.
Le temps entre coutures :
On aurait pu traduire ‘El tiempo entre costuras’ comme ‘Le temps entre coutures’, ou ‘Le temps entre couture et couture’, ou ‘Le temps qui passe entre coutures’, ou même quelque chose comme ‘Au fil des années’ ou même ‘La couturière’. N’importe quoi aurait était mieux que cet absurde et réducteur titre français, qui limite le sujet du roman à une aventure d’espionnage exotique. ‘El tiempo entre costuras’ nous raconte l’évolution de Sira, depuis la fille naïve et facile à manipuler de ses années de jeunesse, jusqu’à la femme courageuse et sure d’elle-même, qui deviendra au bout de cette aventure extraordinaire.
Le fil conducteur de cette progression est bien sûr la couture. C’est son talent le plus évident, mais c’est aussi ce qui permettra Sira de se ressourcer et se recentrer à chaque fois. C’est le récit d’une vie fascinante, racontée entre épingles, boutons, patrons et broderies. De fil en aiguille, entre l’Espagne, le Maroc et le Portugal. Sira se trouvera impliquée dans la première ligne des évènements qui ont façonné l’Europe, revenant à chaque fois à la couture.
‘El tiempo entre costuras’ est un très beau roman d’aventures, sans beaucoup de prétentions ni stylistiques ni thématiques, qui abuse sans gêne du plot driven (Procédé selon lequel l’intrigue s’impose aux personnages, en opposition au plus fin character driven, ou l’intrigue née des personnages), mais qui est un roman d’un attrait indéniable. Ce n’est clairement pas du Tolstoï, ne vous attendez pas de la haute littérature, ni à la réflexion philosophique ou à la profondeur des thèmes traités, c’est juste une épopée complètement irrésistible, malgré des ficelles narratives un peu trop poussées et faciles.
Donc, il y a beaucoup de rebondissements, des cliff-hangers, action, passion, drame et beaucoup des retournements de situation, tout est mis en place pour accrocher le lecteur d’une façon brutale. Ce livre est long mais vous allez le dévorer en très peu de jours, c’est addictif. Il faut saluer le rythme soutenu et le spectaculaire dynamisme réussis par Dueñas, dans ce qui est probablement (avec la permission de Zafón et Pérez-Reverte), un des plus grands succès de la littérature espagnole du XXIe siècle.
Citation :
« J’abandonnais derrière moi un passé complexe et, comme en guise de prémonition, s’ouvrait devant moi un espace nu que le temps se chargerait de remplir peu à peu. »
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