(Brieven aan zijn Broeder, 1914)
Traduction : Louis Roëdlandt. . Langue d’origine : Néerlandais / Français
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce recueil de lettres :
Sélection des lettres écrites pour Vincent Van Gogh à son frère Théo le long de presque 20 ans, pendant lesquels l’artiste trace ce fameux périple vers le sud de la France, où il finira ses jours en 1890. À travers ses lettres, on suit la trajectoire vitale et artistique du peintre hollandais, son quotidien, son œuvre, sa solitude, ses joies et ses peines.
Autoportrait épistolaire :
Entre 1872 et 1890, année de sa mort, Vincent van Gogh écrivit plus de 600 lettres à son frère Théo. Après la mort de Vincent, Théo gardera ses lettres, mais atteint de syphilis il décèdera peu après. C’est sa veuve, Johanna Bonger-Van Gogh, qui héritera non seulement de l’œuvre du peintre, sinon aussi de toute sa correspondance. Petit à petit, grâce à la gestion de la veuve de Théo, les toiles du peintre hollandais vont commencer à gagner en popularité, et ramener de plus en plus d’intérêt sur cet artiste maudit. Johanna Bonger-Van Gogh fit circuler quelques lettres dans des revues et les publia ensemble par la première fois en 1914.
La première lettre datant de 1872 est envoyée de La Haye par un jeune et passionné Vincent, qui n’a pas encore vingt ans. La toute dernière se trouvait sur sa poche au moment de sa mort en juillet 1890 à Auvers-sur-Oise. Sur un ton beaucoup plus sombre, elle avait été écrite quelques jours auparavant, mais restait inachevée. Entre ces deux lettres, une correspondance quotidienne entre les deux hommes nous trace l’autoportrait unique d’un artiste, son œuvre et ses démons. À partir de 1886, les lettres changent du néerlandais au français, langue que Van Gogh maitrisait.
Dans beaucoup de ces lettres le peintre évoque son travail, ses projets picturales et ses évolutions techniques, ses combats et ses renoncements, et l’incroyable fascination que la lumière du sud porte sur son œuvre. Il explique aussi son quotidien, par exemple comment doit épargner certains couleurs (notamment le bleu cobalt) par des soucis économiques, il remercie à son frère par son financement, il décrit son projet d’une communauté d’artistes, l’arrivée de Gauguin dans le sud de la France et la désillusion qui s’en suivit. À travers ses mots on sent la progressive paupérisation de son quotidien et même la faim.
Sa personnalité solitaire et son caractère bourru sont présents dès la première lettre mais, à l’inverse du voyage vers la lumière de sa peinture, on suit à travers ces lettres la descente aux enfers d’un homme lucide, mais de plus en plus sombre, torturé et dépressif. Avec un langage simple et direct mais très émouvant, la correspondance entre les frères est une fenêtre vers l’âme d’un artiste incomparable, d’un homme singulier.
Citation :
« (…) Sentir que je suis devenu un boulet ou une charge pour toi et pour les autres, que je ne suis bon à rien, que je serai bientôt à tes yeux comme un intrus et un oisif, de sorte qu’il vaudrait mieux que je n’existe pas : Savoir que je devrai m’effacer de plus en plus devant les autres, s’il en était ainsi et pas autrement, je serais la proie de la tristesse et la victime du désespoir. Il m’est très pénible de supporter cette pensée, plus pénible encore de croire que je suis la cause de tant de discordes et de chagrins dans notre milieu et dans notre famille. Si cela était, je préférerais ne pas trop m’attarder en ce monde. »
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