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L’Histoire sans fin

Michael Ende

(Die unendliche Geschichte, 1979)
Traduction : Dominique Autrand. Langue d’origine : Allemand
⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Bastien, dix ans, est un enfant timide et fragile. Orphelin de mère, négligé par son père, le garçon se fait tabasser régulièrement par des enfants de son école. Un jour, Bastien se réfugie dans une librairie pour fuir ses harceleurs, et lors d’un moment d’inattention du libraire, un homme colérique qui déteste les enfants, Bastien vole un libre qui l’attire de façon puissante.

Caché dans une pièce oubliée de son école, Bastien commence à lire ce livre appelé ‘L’histoire sans fin’ et en devient totalement happé. Le roman se déroule dans un univers débordant d’imagination, un pays fantastique dirigé depuis le sommet d’une tour d’ivoire par une enfant, l’impératrice infantile. Atteinte d’une étrange maladie dont personne ne saisit la cause ni trouve la solution, la jeune souveraine sombre d’inquiétude devant le Néant, une obscure menace qui semble détruire petit à petit le pays fantastique. La petite impératrice demande l’aide d’un jeune héros appelé Atreju qui pourrait sauver tout le royaume de la disparition.

Ce pays fantastique dans un livre dans le livre :

Classique de la littérature jeunesse fantastique, ‘L’histoire sans fin’ fut un roman pionnier de tout un genre d’aventures mêlant des univers fabuleux style Tolkien avec la structure classique d’un conte. On retrouve le héros (Atreju), l’assistant de l’héros (Bastien) et la demoiselle en détresse (l’impératrice infantile), trio de personnages principaux qui s’agrémentera de toute une série d’autres personnages et d’éléments simples mais développés avec beaucoup d’imagination, comme la tour d’ivoire, le désert de couleurs, ou le dragon à tête de lion Fuchur.

Le héros Atreju est sans doute une métaphore de l’enfant que Bastien rêverait d’être. Atreju est un héros beau, vaillant et admiré, qualités toutes que le jeune humain ne possède absolument pas dans la vie réelle. Bastien est, au contraire, un garçon enrobé avec peu d’assurance et d’estime de soi, négligé par son père et harcelé par ses pairs. Le jeune lecteur n’aura pas de souci pour s’identifier avec le timide Bastien, quelque part un nerd avant-la-lettre, qui d’abord prend ces distances, puis hésite, puis s’implique dans l’histoire du livre. Ce jeune enfant insignifiant doit donc sauver le monde de sa disparition. Cette idée de base permet de faire monter l’estime de soi de Bastien et bien sûr de n’importe quel enfant lecteur. C’était totalement mon cas, comme beaucoup, moi aussi je rêvais d’être Bastien qui rêvait d’être Atreju.

Malgré une certaine naïveté, comme l’idée que le monde sombre dans la disparition parce que les hommes ont cessé de rêver, ou qu’un enfant du monde réel doit sauver le monde, le roman réussi à embarquer le jeune lecteur dans son univers coloré à la fantaisie débordante, grâce à cette double mise en abyme du monde dans un livre dans le livre. Très recommandable pour les jeunes lecteurs, la lecture passée un certain âge aura un effet plus nostalgique que magique.

Le livre présente deux parties : La première suit la quête d’Atreju lise par Bastien, et la deuxième se centre dans la reconstruction du pays fantastique par Bastien. La première partie du roman fut adapté au cinéma en 1984 par Wolfang Petersen dans une production intéressante même si plus kitsch que le livre, qui fut totalement renié par Michael Ende mais qui marqua les esprits de toute une génération de jeune publique.


Citation :

« Lui, Bastien, apparaissait en tant que personnage dans le livre dont il s’était considéré jusqu’à présent comme le lecteur ! Et qui sait si un autre lecteur n’était pas justement en train de lire, croyant à son tour n’être qu’un lecteur … et ainsi de suite jusqu’à l’infini ! »

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