(Titre originel pas connu, 1923)
Traduction : Olivier Manonni. Langue d’origine : Allemand
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce recueil de nouvelles :
Collection de huit nouvelles de l’auteur dadaïste, centrées sur un sujet criminel, souvent un vol, un chantage ou un petit larcin, parfois une déception amoureuse ou une infidélité. A travers ces récits, on tire le portrait de la société européenne pendant les années folles.
Picaresque et cynisme pendant les années folles :
Situées dans des différentes villes européennes, comme Vienne, Paris ou Berlin, ces histoires se caractérisent toujours par une ambiguïté morale très marquée. La présence de personnages de la marge, des escrocs, des demi-mondaines, des amants infidèles, des arnaqueurs de bas étage, contraste avec ses victimes, souvent des bourgeois ingénus morts d’ennui, loin de l’héros sans faille. Comme dans tout bon roman de picaresque, les rapports sociaux se brouillent, arnaqueurs et cocottes nagent habilement dans les eaux troubles de la classe supérieure.
Serner ne fait aucun jugement moral et dépeint avec plus de sympathie les soi-disant méchants que leurs victimes, très souvent ridiculisées. Tout est tourné en dérision : Il n’y a pas des leçons morales à tirer, les gentils paient le prix de leur naïveté et les coquins s’en sortent toujours avec panache. Lié sans doute à l’époque qui dépeint, un air de désinvolture accompagne l’œuvre, documentant ainsi la liberté effrénée et la douce folie des année 20. Avec un cynisme, un mordant et une mauvaise foi considérables, ces histoires se lisent avec plaisir et facilité, même si la brièveté des histoires ne permet pas aller plus loin.
Walter Serner, figure capitale du mouvement Dada, rédigea ‘Le dernier relâchement’, le manifeste du groupe, prônant l’expérimentation, les idées novatrices, le rejet des conventions, indépendance intellectuelle et la liberté artistique et des mœurs. Souvent comparé à Maupassant et à Choderlos de Laclos, les ouvres de Serner furent censurés avec la montée du Nazisme. Malheureusement, l’écrivain fut déporté en 1942 et mourut à Theresienstadt.
Citation :
« – Je veux dire : vous n’avez pas la plus misérable conviction ? – No. Les opinions sont des persuasions qui ont abouti. – Pas la plus maigre opinion ? – Les opinions sont des convictions endurcies par les préjugés. »
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