(1943)
Langue d’origine : Français
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
L’oncle Cassave est aux portes de la mort quand il décide réunir sa famille et ses proches, pour leur communiquer les conditions de son héritage. Pour pouvoir accéder à sa fortune, ils devront déménager dans sa maison, Malpertuis. L’héritage finira dans les mains de celui ou celle qui restera vivant en dernier.
Après la mort de Cassave et le déménagement de son entourage dans la demeure de Malpertuis, des étranges phénomènes commencent à se succéder.
Maison fantastique :
Roman du genre fantastique, écrit en pleine deuxième guerre mondiale par Jean Ray, jusqu’alors connu seulement comme nouvelliste. L’influence de Poe et Bram Stoker semblent se distiller dans le traitement de l’horreur et dans le coté double des personnages qui vivent cette horreur. Mais la structure de roman, composé des récits de plusieurs narrateurs complètement différents, doit beaucoup à un écrivain anglais classique du XIXe siècle, Wilkie Colllins, auteur entre autres de « Pierre de Lune » et « La dame en blanc ».
Comme dans les romans de Wilkie Collins chaque partie est narrée par un personnage différent, qui a un caractère et une idiosyncrasie très marqués, ce qui transpire dans les pages de la narration. Ce procédé narratif enrichit et donne un caractère polyédrique au livre.
L’atmosphère est envoutante, notamment dès qu’on entre dans la maison, et c’est là où on trouve beaucoup des références aux premiers chapitres du fameux « Dracula » de Bram Stoker. Malpertuis est beaucoup plus qu’une maison hantée, elle est un personnage à part entière. Et c’est probablement dans les passages où ce personnage prend de l’ampleur qu’on trouve les plus belles pages du livre.
Le récit est cependant assez confus et ardu à la lecture. Beaucoup des personnages sont décrits par ses liens de famille ou son métier, mais leur personnalité reste à peine ébauchée. Ils peuplent ce récit et nous font partir dans beaucoup trop de directions. La prose et le style sont assez étranges et délibérément vagues, ce qui n’aide pas à se repérer mais rajoute dans le côté irréel et fantastique de la narration. Ce n’est pas un roman pour tout le monde.
Ce livre complexe et unique réunit intrigue et mystère, mélangés avec récit gothique et horreur, le tout agrémenté par des hautes doses de mythologie, qui deviennent de plus en plus marqués au fur et à mesure que le roman avance. En effet, la mythologie grecque et le mysticisme catholique se mélangent d’une façon assez particulière, entrant dans une intéressante réflexion sur la relation entre les hommes et les dieux. Sans spoiler, le dernier tiers du roman expliquera beaucoup des développements précédents, ce qui semblerait satisfaire une bonne partie de ses lecteurs, mais personnellement je reste un peu mitigé sur le dénouement de ce livre. C’est quand même un roman très beau même si par moments pas complètement abouti.
Citation :
« Je suis entré dans Malpertuis, je lui appartiens, elle ne fait aucun mystère de son intérieur. Aucune porte ne s’y obstine à rester close, aucune salle ne se refuse à ma curiosité, il n’y a ni chambre interdite, ni passage secret, et pourtant… Pourtant elle restera mystère à chaque pas, et elle entourera chaque pas d’une prison mouvante de ténèbres. »
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