Littérature des 5 continents : EspagneEurope

Marianela

Benito Pérez Galdós

(Marianela, 1878)
Traduction : Pas connue.   . Langue d’origine : Espagnol
⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Pablo est un jeune aveugle de naissance. La gentille mais disgracieuse Marianela, une gamine pauvre qui l’adore, lui aide à se trouver dans le monde, en lui guidant. Ne voyant pas la laideur de la jeune fille, Pablo tombe amoureux de Marianela. Ensemble ils partagent un amour platonique profond et se promettent de s’aimer pour toujours. L’arrivée du docteur Golfín va bouleverser la situation, car le père de Pablo a mis tous ses espoirs dans la guérison de la cécité de son fils, préconisé par le docteur.

Je t’aimerai pareil quand je pourrai te voir :

Ce drame romantique appartient aux ‘Romans de Thèse’ de Galdós. C’est sans doute le roman le plus sentimentale et feuilletonesque de l’auteur. Il est très beau, mais les ficelles dramatiques pourraient être perçues comme peu subtiles pour certains lecteurs. Effectivement, l’histoire des amours de l’aveugle qui doit récupérer la vision, et de la pauvre orpheline que tout le monde a rejetée, peut sembler un peu datée, voir niaise, mais la force du récit ne sied pas dans cette intrigue convenue.

À l’appui d’un travail psychologique profond sur les personnages, Galdós propose une réflexion habile sur le lien entre l’amour et la beauté, sur le désenchantement et la chute des illusions. Un amour qu’on avait imaginé pur et profond peut être teint par la présence des images ? Méprisée de tous, jugée par son aspect disgracieux, Marianela ne trouve rédemption que dans le ‘regard’ pur d’un aveugle, qui la voit vraiment tel qu’elle est.

Roman sur le jugement, sur la vanité de la société, mais surtout sur le rapport entre l’intérieur et l’extérieur des êtres humains.

Pérez Galdós, un génie très méconnu :

Probablement l’écrivain espagnol le plus réputé après Cervantes, le travail de ce génie du XIXe siècle est très méconnu dans l’univers Francophone, et donc très peu traduit. C’est bien dommage car il s’agit d’une œuvre gigantesque de dimensions Balzaciennes, autant par le volume que pour la qualité littéraire : ‘Fortunata et Jacinta’, ‘Miaou’, ‘Miséricorde’, ‘Doña Perfecta’, ‘Trafalgar’ sont seulement quelques romans remarquables parmi une œuvre colossal à tous les niveaux.

Dans la plupart de l’œuvre très prolifique de Pérez Galdós on retrouve une grande perspicacité psychologique qui nous permet de capter, par le biais d’un nombre incalculable de personnages, l’essence de l’humain et les inquiétudes de l’homme (et la femme) espagnol du XIXe siècle. D’un côté la classe moyenne, souvent décrite avec des airs de supériorité vis-à-vis des classes moins favorisées, mais tiraillée par une profonde angoisse de la perte de privilèges, et de la chute social et économique qui menacent toujours à l’horizon. Les classes plus populaires sont travaillés avec de la profondeur et de l’ironie, mais aussi avec tendresse et compassion. Le riche a peur de devenir pauvre, et le pauvre a peur de rester dans la pauvreté. L’utilisation des dialogues souvent vulgarisés, et des tournures de phrases très populaires, aide à comprendre ce côté « voix du peuple » qu’on a souvent associé à Galdós. Son style sobre, directe et épuré, recherchant le naturel au-dessus de tout artifice, n’est pas exempt d’un phrasée créatif et poétique et d’une richesse lexique fabuleuse.

La capacité de travail, la facilité et le talent pour l’écriture de Galdós sont évidentes quand on voit qu’il a écrit plus de 80 romans, environ 30 pièces du théâtre, des incalculables essais et publications, et a dirigé plusieurs magazines spécialisés, en plus de devenir député libéral pendant des nombreuses années. Naturaliste, costumbrista et réaliste à parts égales, Galdós connait très bien l’Espagne et connait aussi très bien la nature humaine. Son travail sur le côté misérable autant que sur le côté lumineux de l’être humain, couplé avec le réalisme de la société représentée, et l’incroyable finesse et diversité de ses personnages féminins, nous permet de situer ce géant de la littérature espagnole quelque part entre Zola et Balzac, et sans doute dans le panthéon des plus grands écrivains européens de la deuxième moitié du XIXe siècle.

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