(Behi euskaldun baten memoriak, 1991)
Traduction : André Gabastou. Langue d’origine : Euskara
⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Pays basque, 1940, juste après la guerre civile espagnole. La vache Mo s’interroge sur ce qui se passe dans sa maison à Balanzategui, un endroit un peu à l’écart du monde où les fantômes de la guerre semblent être encore bien réels. Elle essaie de s’éloigner des autres vaches qui sont assez peu intelligentes à leur goût, et se rapproche de sa copine ‘la vache qui rit’, une vache qui a beaucoup de personnalité et capacité de réflexion. Avec l’aide de ‘pénible’, une espèce d’alter ego qui lui set de conscience, Mo essaie de comprendre ce qui se passe autour d’elle. Car dans la ferme de Balanzategui se passent des choses suspectes : Des hommes étranges descendent des collines la nuit dans le noir et certaines jours les vaches noires sont enfermées ensemble pour manger de la nourriture toute prête, tandis que d’autres jours c’est les vaches colorées.
Je beugle donc j’existe :
‘Mémoires d’une vache’ retrace la situation du Pays Basque aux débuts du Franquisme de façon assez originale. Il aborde les blessures de la guerre, l’existence des maquis et de la rébellion qui reste encore en actif malgré la défaite dans la guerre civile, mais tout est vu depuis la perspective d’une vache qui narre tout cela à la première personne. Ce parti pris singulier est sans doute intéressant même si le mécanisme narratif s’épuise un peu au bout d’un moment, par l’excès de naïveté dans la réflexion de la vache, qui empêche le récit d’aller un peu plus loin.
Car la vache Mo a quand même des états d’âme et elle est très curieuse. Les liens qui la relient aux maîtres et en général aux humains font partie de ses sujets de prédilection et sa relation avec sa copine ‘la vache qui rit’ est tout aussi complexe. Mais elle est surtout très intéressée à résoudre l’énigme de Balanzategui, et n’hésitera pas à mener sa petite enquête. Ainsi, à travers ce monologue intérieur bovin, le roman finit par se centrer sur le mystère autour de ce qui se produit en réalité dans la ferme, ce qui finalement est dommage car l’intrigue est assez banale et prédictible dès le départ.
Le meilleur atout du libre est à mon sens le dialogue que Mo établi avec sa conscience, à qui elle appelle ‘pénible’, et qui permet de donner une dimension psychologique plus étoffée au récit. Le roman est intéressant mais un peu limité par la naïveté résultante de son dispositif narratif.
Citation :
« D’accord ma fille, on est au XXe siècle, ou plus exactement, on est en 1940, mais on est dans le pays basque, et dans le Pays Basque il y a eu la guerre jusqu’à il y a très peu, plus précisément la guerre civile de 1936, et il y a beaucoup de famine, beaucoup de misère, peu des gens pour nettoyer les bois, et selon la rumeur qui circule, tout serait plein de loups. »
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