Littérature des 5 continents : EuropeHongrie

Métamorphoses d’un mariage

Sándor Márai

(Az igazi, Judit, és az utóhang, 1941)
Traduction : Zéno Bianu. Langue d’origine : Hongrois
⭐⭐⭐

Ce que raconte ce roman :

Drame familier en trois actes. Dans une maison bourgeoise, Peter quitte sa femme Ilonka, pour se marier avec la bonne, Judit. À tour de rôle, quelques années plus tard, chacun des protagonistes va expliquer au lecteur sa version des faits.

Triangle de classes :

Le mécanisme littéraire des trois narrateurs fonctionne à la perfection. L’un après l’autre les trois personnages vont s’adresser à nous dans un monologue émouvant. D’abord la femme, qui ne comprend pas la trahison de son mari, dont elle est encore amoureuse. Puis le mari, qui regrette déjà s’être emporté par la passion, aussi déçu pour une femme que pour la suivante. Et finalement la domestique, maintenant deuxième femme, dont l’ambition semble avoir porté ses fruits.

Au début du roman, les évènements ne sont ni trop clairs ni trop expliqués, et on n’est pas sûr du moment de l’histoire où on est, mais petit à petit, avec les trois perspectives, les récits vont s’emboîter et donner une version plus objective des faits. On peut croire qu’aucun des trois narrateurs est fiable, mais les trois monologues/confessions se font plusieurs années après les faits, quand ils ont eu un temps de recul, et peuvent finalement nous livrer leur vérité.

En arrière-plan, bien sûr on parle de la lutte des classes et, en métaphore, de la chute de valeurs de la bourgeoisie qui précède à la deuxième guerre. Le communisme et le socialisme d’entre guerres vont entrainer une perte de privilèges de classe, un chamboulement de repères, qui va faire basculer ce couple bourgeois. On sent la fin d’une époque.

Étude approfondie des trois personnages, leur extraction sociale et les mœurs de la société de l’époque. Le livre inclut un petit épilogue écrit plus tardivement, qui approfondit sur les destins des personnages.


Citation :

« Voilà c’est comme ça…il y en a un qui aime plus que l’autre. Pourtant, c’est celui qui aime qui a la tâche la plus facile. Tu aimes ton mari, alors, même si tu souffres tu as la meilleure part. Moi, il m’a fallu supporter un amour que je ne partageais pas. Voilà qui est bien plus difficile. »

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