(Montedidio, 2001)
Traduction : Danièle Valin. Langue d’origine : Italien
⭐⭐⭐
Ce que raconte ce roman :
Le narrateur est un jeune enfant qui travaille comme apprenti dans l’atelier d’ébénisterie de Mast’Errico. Le jeune garçon a dû arrêter sa scolarité par la situation sociale de sa famille et, au même temps que son métier, il découvre la vie et l’amour avec sa voisine Marie, tristement victime des attouchements du propriétaire de l’immeuble. Dans l’atelier, le jeune narrateur sera aussi témoin des rêves partagés le cordonnier Rafaniello, dont la bosse qui trône sur son dos, cacherait des ailes d’ange qui lui permettraient de s’envoler. Le garçon garde soigneusement un boomerang qui prévoit jeter le jour de l’an. En attendant il pratique sa lancée tous les jours sous le toit de l’immeuble, avec tout Naples à ses pieds, mais sans jamais laisser échapper le boomerang du bout de ses doigts.
Boomerang et critique social :
Avec le langage poétique qui le caractérise, et son talent pour la nostalgie et l’émotion, De Luca nous livre ici un de ses romans les plus lus et connus, Prix Femina 2002. ‘Montedidio’, comme beaucoup de romans de l’écrivain italien, nous plonge dans des souvenirs napolitains plus ou moins autobiographiques, qui retracent le passage de l’enfance à l’âge adulte d’un garçon rêveur mais déterminé, dans le quartier populaire de Montedidio, sur une des collines qui surplombent Naples.
Le roman a une bonne dose d’amertume et de commentaire social très réaliste. Le garçon est doué pour l’école mais il a été contraint de l’abandonner par la délicate situation économique de sa famille. Maria son amoureuse est une jeune adolescente poursuivie par le propriétaire de l’immeuble qui obnubilé par l’idée de la posséder, pardonne le loyer de l’appartement en échange de quelques caresses. Tous les personnages sont à deux doigts de la marge, et leur condition sociale précaire impacte totalement leur quotidien.
Autant le narrateur que Maria, ils ont tous les deux treize ans, ‘Montedidio’ est bien sûr un bildungsroman ou roman d’apprentissage. La lancée de boomerang (boomeran dans le livre) est bien sûr une métaphore du passage à l’âge adulte, incarnée par ce moment que notre protagoniste retarde dans le roman, gardant le boomerang sur les bouts de ses doigts avant qu’il n’échappe, perfectionnant sa future lancée avec des entrainements sur le toit au-dessus de la ville. Ces images nostalgiques soulignent toujours ce côté très poétique et rêveur, sans jamais perdre de vue le substrat social très réaliste du récit.
L’œuvre est structurée autour de très courtes scénettes (parfois à peine une demi-page) qui soulignent ce côté impressionniste cher à De Luca. Quelques estampes dans la vie du garçon qui retracent autant ses émois avec Maria comme les rêves qui le poussent vers une vie meilleure. Même si parfois cela peut sembler décousu et un peu chaotique, l’ensemble de l’œuvre avance de façon très solide et le récit est émouvant en toute simplicité.
Citation :
« Quand tu es pris de nostalgie, ce n’est pas un manque, c’est une présence, c’est une visite, des personnes, des pays arrivent de loin et te tiennent un peu compagnie. »
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